Chénas met les p’tits plats dans les grands !
Le cru chénas avait invité professionnels et journalistes à une fantastique journée de découverte du cru qui s’est conclu au château des Broyers (La-Chapelle-de-Guinchay) par un repas en présence du meilleur sommelier du monde, le Lituanien, Raimonds Tomsons.

Quand on évoque le cru chénas, la première chose qui vient à l’esprit, c'est sa taille, seulement 255 ha, qui en fait le plus petit des 10 crus du vignoble. Il va falloir changer de disque tant il y a d’autres choses à raconter sur cette appellation qui dégage beaucoup d’énergie et de créativité et qui symbolise parfaitement ce Beaujolais qui se régénère.
L’osmose entre anciens et néovignerons
Hadrien Houbert, qui était à la baguette mercredi 16 avril de l’événement « Chénas Chez nous », représente parfaitement cette tendance, lui qui était encore il y a cinq ans, parisien et ébéniste, et qui cultive aujourd’hui 3,5 ha en biodynamie sur cinq AOC beaujolaises.
« On organisait déjà un événement grand public, les « Nuits de Chénas », on voulait aussi proposer un grand événement aux professionnels. Alors quand on a eu l’occasion de faire venir Raimonds Tomsons, tout s’est enclenché ».
Et effectivement, la journée a attiré de nombreux professionnels (cavistes, restaurateurs) et des journalistes. Il faut dire que le programme avait de quoi séduire : déjeuner chez Nathalie Fauvin, balade dans les vignes, visite de la cave coopérative puis dégustation d’un panel d’une vingtaine d’échantillons du millésime 2023 et repas avec les vignerons et leurs flacons.
« Nous ne sommes pas là pour nous comparer aux autres crus, poursuit le néo-vigneron, on veut créer notre propre identité, montrer aux acteurs du monde du vin nos particularités, notre dynamique. Nous sommes sans doute le cru avec la part de vente directe la plus élevée, nous avons encore progressé de 3 % malgré le contexte. On s’en sort bien ». Et d’insister sur la diversité des profils
« Il y a à Chénas beaucoup de jeunes, beaucoup de vignerons labellisés bios, il y a une vraie dynamique collective, une bonne osmose. Le Beaujolais est une région très inclusive », se félicite Hadrien.
Floral ou fruité, funky ou sérieux, à chacun son chénas
Les mots du meilleur sommelier du monde étaient très attendus à l’issue de la dégustation. « Le Beaujolais a toujours été un de mes vins préférés. Il y a une formidable diversité, ce sont des vins frais, légers, faciles à apprécier », a-t-il expliqué en préambule avant de rentrer dans le détail.
« On a pu ressentir durant la dégustation les vins plus naturels avec leur côté funky. C’est l’une des caractéristiques de ce vignoble. C’est une question de préférence, de style, on aime ou on n’aime pas. Il y a des cuvées sur le côté floral, d’autres sur le côté fruité, très croquants, il y a des vins moins extraits, d’autres avec des tanins plus prononcés et il sera intéressant de voir comment ils vont évoluer ».
Les vignerons avaient beaucoup de questions à poser au meilleur sommelier du monde, notamment sur l’avenir du Beaujolais dans le grand concert des vins du monde. « Beaucoup de consommateurs sont intéressés non seulement par le goût du vin, mais aussi parce que ce qui se passe à la vigne. Ils veulent des bons vins, mais aussi des vins durables. Aujourd’hui, en me baladant, j’ai entendu des oiseaux, vu des arbres, la nature, la biodiversité… Cette région a un futur durable. Il y a une tendance aux vins frais, légers, pas trop extraits, pas trop alcoolisés. Quand tu ouvres une bouteille de Beaujolais, tu la termines dans la soirée ».
Et à un jeune apprenti sommelier, élève d’Arnaud Chambost à Dardilly, qui demandait le chemin pour devenir le meilleur du monde, Raimonds Tomsons a répondu : « patience, passion, rien ne vient en claquant des doigts. Il faut être têtu, persévérant, discipliné et resté humble. Un sommelier, c’est d’abord un serveur ». Une belle leçon de vie.
Chénas chez nous



