L’amour vache ou la résilience face au vide

Édouard Bergeon a présenté le 26 février sur le Salon international de l’agriculture, son dernier documentaire intitulé « L’amour vache »(*). Il était accompagné des principaux protagonistes : Sylvie et Bernard Dahetze. 

L’amour vache ou la résilience face au vide
La famille Dahetze et Edouard Bergeon. 

Édouard Bergeon a présenté le 26 février sur le Salon international de l’agriculture, son dernier documentaire intitulé « L’amour vache » (*). Il était accompagné des principaux protagonistes : Sylvie et Bernard Dahetze.

« Tout a commencé il y a trois ans, au printemps 2020. Je reçois un message de Sylvie Dahetze sur Facebook. Un SOS. Désespérée, elle ne sait plus quoi faire. Bernard, son mari, est prêt à flancher depuis qu’il sait que ses vaches vont toutes partir à l’abattoir ». Ainsi commence le nouveau documentaire d’Édouard Bergeon. Le réalisateur qui, avec son premier film, "Au nom de la terre" mettait en lumière le monde paysan et ses souffrances (*), s’est penché sur le sort d’un éleveur des Pyrénées-Atlantiques dont le troupeau de 100 blondes d’Aquitaine a été victime de la tuberculose. Le verdict est tombé comme une sentence d’un tribunal. Sylvie Dahetze concède volontiers avoir « lancé une bouteille à la mer ». Elle avait aussi envie que quelqu’un, en l’occurrence le réalisateur, vienne « conserver un souvenir de ce troupeau » qui représentait toute la vie et l’essence même de cette exploitation d’Ozenx-Montestrucq, dans le Béarn. Mais c’était sans compter sur les procédures des services publics, ne voulant pas être filmés. Quelques images volées seront quand même tournées dans l’intérêt du documentaire, des éleveurs et des téléspectateurs en général.

Ce documentaire raconte, avec une réelle bienveillance, le lien « très fort » que l’agriculteur peut avoir avec ses bêtes, le soin quotidien qu’il y consacre. Ce film de 70 minutes narre aussi la peur de sa mère qui craint la « réaction de Bernard quand les bêtes vont partir. C’est plus que des animaux, c’est toute une vie ». Le fils, Cédric ne peut retenir ses larmes qui expriment la détresse d’une famille. Les animaux sont sur l’exploitation depuis trois générations. Les éleveurs d’à côté craignent aussi cette épée de Damoclès que représente la tuberculose bovine. D’autant qu’une fois le troupeau abattu, « nous n’avons plus aucun revenu et qu’il faut attendre 18 mois avant d’en retrouver un », insiste Sylvie. Trois ans après cet épisode douloureux, le cheptel a été en partie reconstitué. Mais la peur que la tuberculose revienne est toujours palpable. Édouard Bergeon qui sait à merveille faire oublier la caméra à ses protagonistes, nous plonge au cœur d’un drame dont l’issue reste, par certains côtés, positive.

(*) « L’amour vache » - Édouard Bergeon - Déjà disponible sur france.tv