Rencontre filière avicole
Le Préfet en visite à Palmid'Or

Frédéric RENAUD
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Les représentants de l’État en Saône-et-Loire ont rencontré, le 30 août, les professionnels de la profession avicole, d’abord à Trambly, dans l’abattoir Palmid’Or, puis à Verosvres, au Gaec Carrette. Ils ont ainsi constaté l’adaptation de la filière aux exigences des clients en matière de bien-être animal, ainsi que les techniques développées pour satisfaire leurs clients. Ils ont aussi découvert les conditions d’élevage des canards élevés selon les normes voulues par des clients plus exigeants.

Le Préfet en visite à Palmid'Or

Le préfet, Yves Seguy et la secrétaire générale de la préfecture, Agnès Chavanon ont visité deux sites de la filière avicole, le mercredi 30 août. Les représentants de l’État se sont d’abord rendus à l’abattoir Palmid’Or à Trambly, avant de poursuivre leur rencontre de la filière dans un élevage de Verosvres.

Dans un premier temps, les hauts fonctionnaires ont écouté une présentation générale de l’abattoir, propriété du groupe LDC. « C’est le dernier outil d’abattage de canards dans la moitié Est de la France. Le canard représente d’ailleurs 70 à 75 % de l’activité du site et les volumes produits augmentent », informe Christophe Morel, le directeur de Palmid’Or, « avec un solde constitué des lapins (20 %) et des chevreaux (5 %). »

Une production guidée par le marché suisse

L’une des caractéristiques du site est « le développement de produits respectant le bien-être animal, autant pour des marques suisses et françaises, que pour les marchés allemand et danois », indique Christophe Morel. « Nous sommes très à l’écoute du marché suisse ». Cette attention particulière intéresse le Préfet qui voulait justement en savoir plus : quel est son intérêt ? est-il plus rémunérateur ? « Son intérêt est d’annoncer ce qui va se passer, dans notre secteur d’activité, au niveau européen. Ce marché se révèle l’un des plus restrictifs en termes de normes de production », répond Christophe Morel. « Ce que nous commercialisons vers la Suisse, nous pouvons ensuite exporter vers d’autres pays qui reprennent souvent le même niveau de normes », qui sont dès lors vécues comme une sorte de barrières aux importations moins-disantes. Encore faut-il cependant que les marchés suivent en termes d’achats…

Cette production de canards avec des normes réhaussées de bien-être animal passe par l’utilisation de litières formées de sciures ou de copeaux de bois. « Les éleveurs emploient la sciure issue de la découpe des bois comme litières. Cette orientation est en phase avec les exigences de nos clients suisses, qui souhaitaient un élevage sur des litières naturelles. Depuis 2017, nous avons arrêté toutes les constructions de bâtiments neufs en caillebotis », précise le directeur de l’abattoir. « Nous nous sommes aussi aperçus que ces bâtiments avec des litières bois se prêtaient bien pour élever des poulets, permettant ainsi à un exploitant d’avoir plusieurs débouchés. Donc, nous avons développé des programmes mixtes d’élevage en canards et en poulets. Cela nous permet d’avoir des productions saisonnières : la demande en poulet est plus forte l’été, et celle des canards l’hiver. »

Adapter les techniques à l’orientation "bien-être animal"

Cependant, le passage aux litières naturelles pose des problèmes de main-d’œuvre : « pas sur des bâtiments de 200 m², où le travail est "facile" ; mais sur des bâtiments de 1.000 ou 1.200 m². Auparavant, il fallait ajouter de la sciure deux fois par jour », explique Christophe Morel. « Aujourd’hui, nous avons développé avec la CPASL une distributrice de sciure : c’est le concept d’un épandeur sans poussière. L’outil va encore évoluer, avec l’ajout de roues, pour en faciliter la mobilité. C’est notre réponse face aux astreintes horaires pour entretenir les litières. Désormais, les projets de construction de bâtiments comprennent cette distributrice de sciure et un bâtiment de stockage, pour que la sciure soit bien sèche et forme une litière de parfaite qualité ». Le Préfet applaudit : « c’est original. Vous valorisez en même temps un sous-produit de la filière bois », les félicitait-il.

De plus, le groupe LDC « accompagne les éleveurs en attribuant une prime au mètre carré pour la litière sciure. C’est une mesure qui prend en compte l’évolution du coût de cette matière : son coût est passé de 5 ou 6 euros le mètre cube en 2008 à près de 18 ou 19 euros aujourd’hui », présente Christophe Morel. Le directeur de Palmid’Or se dit convaincu « de l’avenir de cette production : on constate que les traitements antibiotiques ont presque disparu (moins de 5 % des lots). Nous avons aussi travaillé sur l’équipement des bâtiments, par exemple avec des sortes de cuvette pour que les canards puissent tremper la tête et lisser leurs plumes, comme ils le font dans la nature : des options en phase avec les attentes de nos clients ».

Parmi les autres exigences de ces derniers, en Italie (Venise) et autour de Barcelone, figure la production de canards à cire. « Nous sommes les derniers à pratiquer cette technique. Au lieu de plumer le canard en l’échaudant, les plumes sont enlevées à sec, par des systèmes d’épileuse mécanique. Puis, la carcasse est trempée dans la cire, puis l’eau glacée, pour terminer l’épilation. Ce qui évite de brûler la peau du canard ; ce qui apporte une durée de conservation de 3 ou 4 jours supplémentaires. C’est une différenciation par rapport aux autres abattoirs qui n’utilisent que des moyens mécaniques, avec moins de personnels et des méthodes plus industrialisées », conclut Christophe Morel.

"Du travail au cordeau"
Le Préfet a rencontré le 30 août des professionnels de la filière avicole, en particulier Patrice Labrosse, président de la coopérative de production avicole de Saône-et-Loire.
Aviculture

"Du travail au cordeau"

Les représentants de l’État se sont aussi déplacés sur une exploitation d’élevage de Verosvres, près de Charolles. Ils ont discuté avec Patrice Labrosse, président de la coopérative de production avicole de Saône-et-Loire (CPASL), Christophe Morel, directeur de l’abattoir Palmid’Or et les associés du Gaec Carrette.
« Je me suis installée en 2017, en rejoignant mon mari, qui était éleveur allaitant », rappelle Isabelle Carrette. Lors de sa réflexion initiale, l’agricultrice hésitait à s’installer « dans cette production contraignante. J’avais plutôt une préférence pour un élevage avicole, qui me semblait plus rémunérateur. Et j’ai finalement choisi les canards plutôt que les poulets labels ».

« Nous élevons quatre lots par an, pendant onze semaines (1), avec un vide sanitaire entre deux bandes. Ils pèsent 200 à 300 grammes à leur arrivée, en provenance de couvoirs en Vendée. Ils partent lorsqu’ils atteignent un poids d’environ 5 kg », décrivent Isabelle et Michelle Carrette. L’élevage des canards de Barbarie, une race à viande, sur litière bois nécessite « un travail au cordeau », selon les mots du préfet. « Nous distribuons l’aliment au gramme près ; les éleveurs examinent constamment les indices (températures, quantité d’aliments consommés) tout en observant le comportement de leurs animaux », précise Patrice Labrosse. À la question des difficultés qu’ils rencontrent, posées par le Préfet, l’agricultrice mentionne « la grippe aviaire, qui a compliqué les conditions de travail ».

Le bâtiment a nécessité un investissement important (450.000 €). Il correspond « à la surface maximale de bâtiment admise au sein de la CPASL, 1.500 mètres carrés », précise Patrice Labrosse. « C’est une limitation instaurée par l’objectif de rester à taille humaine, compatible avec les exigences de bien-être animal ». Mais c’est aussi un choix dicté « par certains clients européens. Car la rentabilité de cet élevage serait meilleure avec des bâtiments sur caillebotis ».