Fabien Buatois à Mervans
Fabien Buatois ira à Paris avec un taureau Blond !

Marc Labille
-

Une fois n’est pas coutume, la Saône-et-Loire exposera un taureau blond d’Aquitaine lors du prochain salon de l’agriculture ! Cet animal appartient au bressan Fabien Buatois et il était le champion du dernier concours national de la race.

Fabien Buatois ira à Paris avec un taureau Blond !
Au concours national de la race Blonde d’Aquitaine en septembre dernier, Rolls pesait déjà 1.250 kg à 3 ans. Et il a encore prix du volume depuis, confie son éleveur Fabien Buatois.

En septembre dernier, un éleveur de la Saône-et-Loire décrochait le titre de champion mâle adulte au concours national de la race Blonde d’Aquitaine. Un exploit rarissime pour un jeune éleveur si loin du berceau de race qui se retrouvait face à tout le gratin de la Blonde d’Aquitaine.

Éleveur à Mervans, Fabien Buatois s’est lancé dans la Blonde d’Aquitaine il y a seulement sept ans avec deux vaches suitées dégotées par annonce dans L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire. Cette conversion à l’élevage allaitant faisait suite à la retraite de son papa. À l’origine, les Buatois sont des éleveurs laitiers et Fabien a grandi entouré de montbéliardes. Enfant, il accompagnait son père dans les concours de laitières. Une vache de l’élevage familial avait d’ailleurs, en son temps, fait un deuxième prix au concours général montbéliard à Paris. Après des études d’agriculture, Fabien s’est d’abord installé seul avec une vingtaine de vaches laitières qu’il trayait au pot durant deux années. En 2001, il rejoignait son père pour fonder un Gaec. Un nouveau bâtiment laitier de 60 laitières était construit à Mervans. L’exploitation est montée jusqu’à 95 montbéliardes avant que le papa de Fabien ne prenne sa retraite en 2016.

Faute d’avoir pu trouver un nouvel associé en remplacement de son père, Fabien a voulu diminuer la taille de l’atelier laitier trop lourd à gérer seul. Et il a décidé de remplacer des laitières par des vaches allaitantes, désireux aussi de préserver sa vie de famille, lui qui est papa de deux enfants.

Aujourd’hui, Fabien continue de traire une soixantaine de laitières et possède un troupeau d’une cinquantaine de blondes. L’activité laitière sera arrêtée en fin d’année, confie l’éleveur qui s’est donné comme objectif de monter à une soixantaine de vaches allaitantes.

Une race à viande de grand format

Pour Fabien, la race Blonde d’Aquitaine est un peu un coup de foudre. Ce qui l’a séduit, ce sont les fortes aptitudes bouchères de la race, sa capacité à produire une viande haut de gamme maigre ainsi que son mode d’élevage « en rations sèches ». « Créée en 1962, la blonde est le résultat de trois races : la Blonde des Pyrénées, la Quercy et la Garonnaise. Le but était de créer une race à viande de grand format », présente Fabien. La blonde est assez tardive dans sa croissance ; elle demande aussi un peu de temps pour l’engraisser, indique l’éleveur qui ajoute que les carcasses atteignent fréquemment plus de 500 kg, voire 600 ou même 700 kg ! Et ce avec une conformation avantageuse et une finesse d’os remarquable. Pour le moment, Fabien ne vend que des vaches maigres et des broutards, mais il compte bien engraisser sa production prochainement. Les stocks fourragers et céréaliers destinés jusqu’alors aux laitières permettront facilement de le faire.

Encouragé à concourir

En 2019, Fabien achetait son premier taureau de monte naturelle dans une station raciale à Casteljaloux dans le Lot-et-Garonne. Un second reproducteur était acquis à la station de Doux dans les Deux-Sèvres… Au même moment, Fabien faisait inscrire ses animaux à l’Organisme de Sélection de la race quand un technicien racial, venu inspecter son taureau, lui recommandait de participer au concours interrégional de Bourg-en-Bresse. Là, l’éleveur bressan décrochait un deuxième prix avant d’aller participer au concours national qui se tenait cette année-là à Cournon. Ces premières sorties en concours ont permis à Fabien de faire la connaissance de nombreux collègues du quart sud-est puis de nouer des contacts avec des sélectionneurs de toute la France. Les réseaux sociaux ont également été un précieux allié pour percer dans la race, ajoute-t-il.

Rolls en route vers Paris !

En 2021, l’éleveur-sélectionneur achetait Rolls dans un élevage de Seine-Maritime. Issu d’une lignée de champions, ce taureau a débuté sa carrière par un troisième prix au concours national de Saint-Gaudens (31). En 2022, il se retrouvait à l’avant-dernière place, raconte Fabien qui a retenté sa chance en 2023. Tout juste sorti du pré où il était occupé à faire la cour à ses vaches, Rolls s’est immédiatement démarqué sur les rings. Arrivé à Chateaubriand en Loire-Atlantique où se déroulait le concours national de la race en septembre dernier, Fabien ne se faisait pas trop d’illusion en découvrant le nom de ses illustres concurrents. Mais les juges en décidèrent autrement, attribuant d’emblée un premier prix au taureau venu de Saône-et-Loire. Un classement qui l’a conduit jusqu’au prix de championnat adulte, à la plus grande surprise de Fabien ! « J’y étais allé sans pression. Cela m’a fait basculer dans un autre monde ! », confie l’éleveur qui avoue « qu’au national, personne ne l’avait vu venir ! ». D’un naturel plutôt réservé, le jeune bressan savoure cette première consécration qu’il vit avant tout comme un bonheur personnel. « Mon père m’a félicité ! », confie celui qui a la fierté de réussir dans une activité qu’il a entièrement créée seul sur sa ferme. Rolls a été sélectionné pour participer au salon de l’agriculture. Il retrouvera les meilleurs spécimens blonds lors du fameux concours général qui se tiendra le jeudi 29 février après-midi. Qu’un éleveur de la Bresse saône-et-loirienne se retrouve à un tel niveau de compétition sept ans seulement après s’être lancé dans la sélection de la Blonde d’Aquitaine, ce n’est pas banal. Et c’est la preuve que rien n’est impossible dans la vie !