EXCLU WEB / Restauration de la nature : les ministres adoptent les orientations de la Commission

Réunis à Luxembourg, le 20 juin, les ministres de l’Environnement des Vingt-Sept se sont prononcés en faveur des orientations générales de la Commission européenne sur la restauration de la nature.

EXCLU WEB / Restauration de la nature : les ministres adoptent les orientations de la Commission

Les ministres de l’Environnement avaient un sujet clivant à l’ordre du jour de leur réunion le 20 juin, la restauration de la nature. Dans leur grande majorité, ils ont apporté leur soutien au texte de compromis présenté par la présidence suédoise élaboré à partir de la proposition de la Commission européenne. Le texte introduit en effet un certain nombre d’assouplissements par rapport à la proposition initiale notamment pour les écosystèmes agricoles. D’une façon générale les États membres devront contribuer à rétablir sur le long terme, de manière continue et durable, la biodiversité et la résilience de la nature dans l’ensemble des zones terrestres et marines de l’Union européenne en restaurant les écosystèmes. ils mettront en place des mesures de restauration qui, dans leur ensemble, devront couvrir d’ici 2030 au moins 20 % des zones terrestres et marines de l’UE, et tous les écosystèmes d’ici 2050.

Objectifs contraignants

Au-delà des intentions, le texte comporte des objectifs contraignants en matière de biodiversité et de rétablissement des écosystèmes forestiers, urbains, agricoles, marins ou d’eau douce. Les différents États devront présenter des plans nationaux de restauration de la nature qui devront être agréés par Bruxelles avec une série d’indicateurs à la clef. Ainsi l’article 7 prévoit l’obligation de supprimer les obstacles présents sur les cours d’eau, l’objectif de l’Union européenne consistant à disposer de 25 000 km de cours d’eau à courant libre. L’article 8 vise à inverser le déclin des pollinisateurs et de parvenir à une évolution à la hausse de leurs populations. Un des moyen pour l’atteindre sera de réduire l’utilisation des pesticides par exemple. Les villes ne sont pas mieux loties. Il leur faudra accroître leur végétalisation par des couverts arborés, des espaces verts dans les bâtiments…

Pour la Commission, la restauration de la nature contribuera de manière significative aux objectifs de l’UE en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique et à la prévention des catastrophes naturelles. La situation serait alarmante. 81 % des habitats européens sont en mauvais état, 70 % des sols et plus de la moitié des forêts ne sont plus de bonne qualité, les espèces d’abeilles et de papillons déclinent, selon le commissaire à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius. « Le pire est que cette situation s’aggrave. C’est une catastrophe latente, silencieuse, invisible, malgré les alertes des scientifiques », a-t-il déclaré dans une interview au quotidien Libération.

Débats houleux

Si le texte a pu être adopté difficilement en Conseil des ministres malgré l’opposition des Pays-Bas, de la Pologne, de l’Autriche, de la Finlande et la Suède, il déchire aussi le Parlement européen. Le 15 juin, les députés de la commission Environnement ont accepté de justesse d’examiner le règlement sur la restauration de la nature, en votant contre l’amendement de rejet déposé par la droite et soutenu par l’extrême droite. Mais sans parvenir à examiner la totalité du texte. Le Parti populaire européen notamment estime que le texte va saper la production agricole, un des objectifs étant que 10 % des terres agricoles atteignent une haute diversité biologique. Alors que les Verts, soutenus par les ONG, assurent au contraire que l’agriculture et l’économie sont menacées par l’effondrement de la biodiversité. « Il ne s’agit pas de mettre une partie de la surface agricole sous cloche, mais d’y mettre des haies qui vont à la fois faire revenir la biodiversité et assurer des rendements futurs », a plaidé pour sa part Pascal Canfin (Renew), le président de la commission Environnement. Un nouveau vote est prévu le 27 juin, puis un autre en séance plénière au Parlement européen début juillet.