Gaec Lavesvre à Tavernay
Un diagnostic a révélé que la conception du bâtiment était en cause

Marc Labille
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Confrontés, dans l’un de leurs bâtiments, à divers problèmes touchant leurs veaux et au stress des mères de ces derniers, Guillaume et Olivier Lavesvre ont eu recours à un diagnostic effectué par le GDS 71. Lequel a débouché sur plusieurs modifications de leur stabulation touchant la ventilation, l’abreuvement, le sol… Avec des résultats immédiats sur les animaux.

Un diagnostic a révélé que la conception du bâtiment était en cause
Depuis que des abreuvoirs ont été ajoutés et que la marche trop haute d’accès au cornadis a été supprimée, les vaches du Gaec Lavesvre ont retrouvé la sérénité.

La première stabulation construite sur l’exploitation de la famille Lavesvre date de 2002. À l’époque, Guillaume venait de s’installer avec son père sur la ferme de Tavernay et, avec l’accroissement du cheptel, les deux associés avaient fait construire un bâtiment pour 80 vaches sur aire paillée intégrale. « C’était notre premier bâtiment de ce type et nous manquions de références à l’époque », confie Guillaume. De fait, dans les années qui ont suivi, plusieurs défauts de conception se sont révélés à l’usage. La première modification a consisté en l’installation d’un raclage derrière la marche de la stalle d’alimentation. Ce racleur a permis d’abaisser la consommation de paille d’un tiers. Les vaches étaient plus propres, notamment au niveau des pis, apprécie Guillaume. Mais en 2012, la mortalité des veaux s’est aggravée atteignant plus de 15 %, confie l’éleveur. Des pertes qui ont interpellé les associés qui n’en voyaient pas l’explication. Les veaux souffraient de grippe/pathologies respiratoires, de problèmes de nombrils. Les frères Lavesvre perdaient beaucoup de jumeaux dans un élevage qui comptait de nombreuses naissances gémellaires.

Abreuvoirs insuffisants

Une seconde stabulation de 46 places de vaches était mise en service en 2015. Sous ce nouveau bâtiment, Guillaume et Olivier Lavesvre se sont aperçus que les veaux réalisaient de meilleures croissances que ceux de la première construction. Les GMQ y étaient supérieurs de 300 à 400 grammes, confie Guillaume. Pour expliquer cette différence, les associés ont pensé à l’abreuvement. Dans la nouvelle stabulation, les animaux se désaltèrent dans des bacs à niveau constant dotés d’une réserve de 60 à 70 litres alors que dans l’ancien bâtiment, il n’y avait qu’un seul bol à palette pour 16 vaches. L’insuffisance de l’abreuvement expliquait le déficit de GMQ car les vaches manquaient d’eau pour allaiter convenablement leurs veaux, explique Guillaume. Des abreuvoirs supplémentaires ont donc été installés en 2018. Dans chaque case de 16 vaches, un abreuvoir à bac et niveau constant a été ajouté à l’abreuvoir à palette d’origine. « On est ainsi passé d’un abreuvoir unique doté d’un débit de seulement 2 litres par minute, à de quoi faire boire trois vaches à la fois dont un abreuvoir double doté d’un débit pouvant aller jusqu’à 10 litres minute », fait valoir l’éleveur. Cette modification a coûté environ 2.000 € au Gaec. Avec des mères donnant plus de lait, les veaux s’en sont immédiatement trouvés plus frais, rapporte Guillaume. Les vaches se sont aussi montrées plus calmes autour de l’abreuvement. La compétition pour l’eau a disparu et elles boivent plus vite, fait valoir Olivier qui ajoute que les anciens abreuvoirs sont désormais délaissés par les vaches.

Une marche trop haute

Un autre problème avait été observé dans le bâtiment. La conduite en litière accumulée impliquait une marche de 40 à 50 cm de hauteur derrière la stalle d’alimentation. Un obstacle que la pose du racleur n’a pas arrangé et que les vaches peinaient à surmonter au quotidien. Constatant les pertes de jumeaux subies par l’élevage et des accidents - maux de pattes dans le bâtiment, le vétérinaire du Gaec avait signalé ce problème de mobilité pouvant gêner l’accès à l’alimentation et à l’eau. Le praticien pointait aussi des problèmes respiratoires récurrents en hiver et une ambiance humide et sombre sous ce bâtiment.

Pour tenter d’y voir plus clair, Guillaume et Olivier Lavesvre ont fait réaliser un audit bâtiment par Ludivine Perrachon du GDS 71. Ce bilan très complet a pris une demi-journée. La technicienne a passé en revue les abreuvoirs dont elle a mesuré les temps de remplissage et débits ; elle a recherché la présence éventuelle de courants électriques vagabonds sur tubulaires et abreuvoirs ; elle a également réalisé des tests au fumigène pour vérifier la ventilation dans tous les bâtiments…

Plus d’air et de lumière

Cet audit a permis aux associés d’effectuer plusieurs modifications visant notamment à améliorer la ventilation que le diagnostic avait révélée insuffisante. Les lames du bardage ont été davantage écartées les unes des autres côté nord. Sur le même pan de mur, le nombre de plaques de translucide a été doublé et ces tôles sont perforées pour optimiser à la fois la lumière et l’entrée d’air. Côté sud, les plaques de translucide existantes ont aussi été remplacées par leur équivalent perforé. La lumière entre désormais aussi à travers les pignons du bâtiment où deux larges baies de translucides ont été aménagées.

L’audit bâtiment avait révélé que l’air qui entrait par le bardage du côté des cases à veaux leur retombait sur le dos après avoir été dévié par les premières pannes du toit. Pour protéger les veaux de ce courant d’air, Guillaume et Olivier ont prévu d’installer des plafonds en géotextile au-dessus des cases à veaux. En attendant, ils ont déjà fixé une simple tôle de plastique sur la barrière à l’arrière de la case et les veaux viennent s’y abriter. Pour parfaire la ventilation, les deux associés vont aussi transformer le faîtage qui n’assurait pas son effet cheminée. À la place, ils vont installer un lanterneau large de plus de 2 m, recouvert de translucide, doté d’un pare vent et constituant une sortie d’air efficace. Ce lanterneau créera un puits de lumière dans la stabulation. Pour optimiser la circulation d’air, des relais de ventilation (écailles) ont d’ores et déjà été créés dans le toit entre deux rangées de plaques fibrociment.

Des vaches plus calmes

Le Gaec a aussi résolu le problème de marche au sol en rehaussant le béton du racleur de 30 cm. Deux marches de 30 et 20 cm remplacent désormais l’ancienne marche de 50 cm. Cette amélioration a ramené la quiétude dans le troupeau, témoignent Olivier et Guillaume. « Les vaches sont plus calmes. Elles ne se battent plus. La marche trop haute les stressait et elles ne se supportaient plus », expliquent les deux éleveurs.

Le diagnostic a également débouché sur la création de plusieurs prises de terre dans le bâtiment car des courants parasites ont été décelés dans les cornadis et dans les abreuvoirs.

Toutes ces améliorations ont un coût : l’équivalent de plus de 1.000 € d’annuité par an pendant dix ans malgré une subvention, signale Olivier. Mais c’était le prix à payer pour restaurer le bien-être et la bonne santé du troupeau. Cela engendre aussi un entretien régulier des installations : nettoyer régulièrement les abreuvoirs, les tôles perforées, etc.