Laboratoire départemental Agrivalys
Au service de l’agriculture et au-delà…

Marc Labille
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Le nouveau laboratoire départemental Agrivalys est en activité depuis un an. Il est le fruit de la volonté du Département de conserver un outil sanitaire efficace et proche du terrain. En capacité de répondre à de nouveaux défis, il réalise en ce moment même des analyses de dépistage du coronavirus humain.

Au service de l’agriculture et au-delà…
Depuis le 9 avril, le laboratoire Agrivalys réalise des analyses dans le cadre du dépistage du coronavirus humain.

Début juillet, cela fera un an que le laboratoire d’analyses départemental Agrivalys a intégré ses nouveaux locaux. Son inauguration officielle était prévue début mai, mais le Covid-19 en a décidé autrement. Agrivalys est le nom d’une société créée fin 2017 entre le Conseil départemental de Saône-et-Loire et un prestataire privé. Auparavant, le laboratoire départemental était la propriété exclusive du Département. « Nous étions face à un problème. Le Département devait chaque année attribuer une grosse enveloppe pour équilibrer les comptes du laboratoire et une loi se profilait qui mettrait fin à la possibilité pour les Départements de subventionner les laboratoires… Nous avions alors trois options : soit on fermait le laboratoire ; soit on s’associait avec d’autres Départements ; soit on trouvait un partenaire privé… », présente Frédéric Brochot, vice-président du Conseil départemental et président d’Agrivalys.

Le Département garde la main

Écartant d’emblée l’hypothèse de la fermeture, c’est l’option d’un partenaire privé qui a été retenue par le Conseil départemental. Un choix mûrement réfléchi car il ne s’agissait pas de franchir ce pas à n’importe quel prix. En clair, des groupes d’envergure internationale auraient été très intéressés. Mais le Département de Saône-et-Loire a préféré une société française à taille humaine. « Nous voulions que le laboratoire reste à la portée de nos agriculteurs. Nous souhaitions le développer mais en restant local et que le Département garde la main dessus », explique Frédéric Brochot. La collectivité conserve la majorité des parts sociales à hauteur de 51 %. Ce montage mixte se retrouve au sein du conseil d’administration d’Agrivalys. Trois des cinq membres du conseil sont des élus du Département, dont Frédéric Brochot qui en est le président. À la naissance d’Agrivalys, c’est Éric Sellal, directeur de la société prestataire qui assurait la direction de la nouvelle structure. Depuis novembre dernier, Agrivalys a sa propre directrice : Nathalie Pozzi.

Animal, végétal

Propriété du Conseil départemental et implanté à Mâcon au sein de l’espace Duhesme, le nouveau laboratoire représente un investissement de 3 millions d’euros, révèle Frédéric Brochot. La société Agrivalys loue le bâtiment et la structure emploie une équipe d’un peu moins de 30 personnes (techniciens de laboratoire, vétérinaires, personnels administratifs et logistiques).

« Après un an de fonctionnement, le laboratoire tourne bien », assure son président. Son activité se partage entre le monde animal et le monde végétal. Le laboratoire Agrivalys travaille beaucoup pour la viticulture notamment dans le cadre de la lutte obligatoire contre la flavescence dorée. En élevage, il intervient pour toutes les prophylaxies ainsi que les maladies émergentes ou susceptibles de réapparaître (FCO, besnoitiose, etc.). « Nous travaillons en étroite collaboration avec le GDS et les syndicats viticoles. Ce lien fort au niveau départemental et régional est à l’origine de notre réactivité. Et pour garantir cette réactivité aux usagers, le maintien d’un laboratoire départemental était indispensable, surtout avec un cheptel animal aussi important que le nôtre », confie Frédéric Brochot.

Proche des besoins du monde agricole

« Notre laboratoire à dimension départementale agace », poursuit le vice-président du Conseil départemental qui révèle que dans un secteur d’activité aussi concurrentiel que celui des analyses biologiques, la Saône-et-Loire représente un marché substantiel que de gros groupes privés auraient bien aimé saisir. Mais les élus du Département avaient la volonté que l’outil « reste très proche du monde agricole. Notre objectif premier n’est pas de faire du bénéfice », argumente Frédéric Brochot. D’ailleurs, tout est fait « pour que les tarifs des analyses soient les plus justes possibles », confie le président d’Agrivalys qui évoque une discussion permanente avec le GDS. « Les prestations du laboratoire ne doivent pas être à perte non plus car il faut que l’outil tourne ».

De fait, l’important investissement consenti par le Département impose de développer l’activité, expose Frédéric Brochot. Et pour ce faire, il faut maintenir un haut niveau de qualité de prestation avec du personnel qualifié et disponible. Il faut aussi pouvoir investir. Pour atteindre cet impératif économique, le laboratoire met la pression sur ses fournisseurs et il maîtrise ses charges. « Notre directrice essaie de trouver de nouveaux marchés (grippe aviaire, maladies porcines) et elle n’hésite pas à prospecter dans des domaines autres que bovin ou viticole », confie le président. Les analyses humaines pour le dépistage du Covid-19 pratiquées par Agrivalys depuis quelques semaines en sont une belle illustration.

Au service de la lutte contre le coronavirus humain

Les procédés d’analyses pratiqués pour le dépistage du Covid-19 sont les mêmes que ceux que met en œuvre habituellement le laboratoire Agrivalys dans ses nouveaux locaux. En effet, les coronavirus sont bien connus des laboratoires vétérinaires car ils sont très présents chez les animaux. Avec ses équipements modernes et ses automates « dernier cri », le laboratoire départemental teste couramment des prélèvements de bovins, atteints de pathologies respiratoires ou digestives, vis-à-vis des coronavirus. Animales ou humaines, ces analyses sont réalisées par le même type d’appareil, suivant les mêmes protocoles biologiques, utilisant les mêmes consommables et des réactifs comparables.

Alors que la perspective de devoir tester massivement la population vis-à-vis du Covid-19 inquiétait le milieu médical, les responsables du laboratoire Agrivalys ont souhaité mettre leurs capacités au service de la lutte contre l’épidémie. Le 6 avril dernier, répondant aux demandes émanant des territoires, le ministère de la Santé accordait l’agrément aux laboratoires d’analyses départementaux. En Saône-et-Loire, les premières analyses pour le dépistage du Covid-19 dans les locaux d’Agrivalys ont débuté le 9 avril sur une quarantaine de prélèvements transmis par le Centre hospitalier de Mâcon, seul établissement de santé conventionné dans un premier temps. D’autres établissements hospitaliers et des laboratoires privés d’analyses médicales ont depuis fait appel au laboratoire Agrivalys.

Des centaines d’analyses par jour et des résultats rapides

Des centaines d’analyses par jour et des résultats rapides

Les prélèvements, sous forme d’écouvillons, sont livrés au laboratoire dans des caissons sécurisés à triple protection. Le virus est aussitôt inactivé dans une pièce confinée ultra sécurisée dans laquelle les techniciens sont munis d’équipements de protection. La manipulation est assez longue car, sous un poste de sécurité microbiologique, il faut procéder, prélèvement par prélèvement, à la préparation avant inactivation du virus. Une fois cette manipulation réalisée et le virus inactivé, les analyses peuvent être effectuées. Aujourd’hui, le laboratoire traite jusqu’à 600 analyses par jour et il est en mesure de délivrer les résultats dans un délai compris entre 4 et 24 heures. Pour cela, les équipes du laboratoire sont mobilisées pour assurer un fonctionnement sept jours sur sept, adaptabilité dont elles ont déjà fait preuve lors de crises sanitaires animales.