C’est qui le patron ?! : des cerises du Rhône ouvrent le bal des fruits et légumes
Dans un contexte où leur production fait face à de nombreux défis, la coopérative de consommateurs "C’est qui le Patron ?!" a décidé de prendre un virage décisif en intégrant les cerises solidaires à sa gamme. La coopérative Sicoly, basée à Saint Laurent d’Agny (Rhône), intégrera la marque dès cette année. Une première, puisque aucun fruit ne faisait encore partie de l’aventure.

« La démarche C’est qui le patron ?! va démarrer en fruits et légumes cette année, et le premier fruit sera une cerise du Rhône. C’est une excellente nouvelle ! » Nicolas Laurent, producteur de cerises à Ancy avec deux associés, administrateur à la Sicoly, et à l’initiative de ce projet, est aux anges. Après avoir travaillé d’arrache-pied pendant des mois sur ce projet, l’arboriculteur peut enfin souffler, sa production ainsi que celle de tous les associés coopérateurs seront bel et bien estampillées « C’est qui le patron ?! » sur les étals. « C’est une réelle plus-value et une opportunité pour les producteurs de cerise de la coopérative. Cela va également apporter un coup de projecteur sur la cerise française et les notions de partage de valeur ajoutée et de coûts de production, comme cela s’est fait pour le lait, le beurre ou les œufs », se réjouit-il.
La cerise face à de nombreux défis
Un grand « ouf » de soulagement que l’on peut comprendre lorsque l’on se penche sur la situation très préoccupante de la filière. En dix ans, la production nationale de cerise a chuté de 21 %, le nombre de producteurs a diminué de 36 %, et un tiers des cerises consommées en France proviennent de l'étranger. Au total, les vergers de cerisiers ont diminué de 15 % dans l’Hexagone, faute de rentabilité suffisante. Des difficultés qui s’expliquent par une rémunération en dessous des coûts de production, des aléas climatiques de plus en plus fréquents, des moyens de protection phytosanitaires de plus en plus restreints. Malgré ces difficultés, le territoire possède pourtant un potentiel immense avec un vivier de producteurs déterminés à continuer leur activité, malgré des vergers vieillissants et des conditions de production difficiles. C’est pourquoi les arboriculteurs ont besoin de soutien pour replanter, investir et pérenniser leur activité
Une rémunération équitable
Face à cette situation, C’est qui le Patron ?! propose un projet ambitieux : offrir des produits de grande qualité, tout en assurant aux agriculteurs une rémunération équitable. Le but est de leur permettre de vivre dignement de leurs productions. Pour ce faire, les consommateurs définissent les caractéristiques de leurs produits via un questionnaire en ligne. Du type de culture à l’emballage en passant par l’origine, chaque maillon de la chaîne est défini collectivement. Ce processus permet non seulement de garantir une qualité optimale, mais aussi d’assurer des productions qui respectent des critères éthiques forts.
La notion : le marché, rien que le marché, tout pour le marché est en train d’atteindre ses limites. « Il faut que la cerise reste un fruit accessible et pas seulement au moment des promotions ou à quelques kilomètres du lieu de production, tout en rémunérant dignement les producteurs », affirme Nicolas Laurent avec conviction. C’est cette notion de consomm’acteur qui nous a plu à la Sicoly. J’ai toujours été convaincu par cet état d’esprit. » Mais C’est qui le Patron ?! ne se limite pas à des produits de qualité. La rémunération des producteurs est au cœur du projet. Elle est co-construite de façon transparente et ajustée à leurs coûts de productions réels. Ainsi, les arboriculteurs bénéficieront d’un juste prix sans fluctuations, comme l’explique l’agriculteur : « Nous allons recevoir les consommateurs sociétaires dans nos vergers pour échanger sur nos pratiques, et surtout qu’ils viennent vérifier factuellement la juste rémunération de nos fruits. C’est une approche très novatrice de la relation entre les producteurs et les consommateurs ».
La grande distribution très attentive
« Au Salon, nous avons rencontré les responsables nationaux des grandes enseignes de la grande distribution et nous avons reçu un écho extrêmement favorable de notre démarche. Maintenant, espérons que la météo sera clémente pour une récolte abondante et de qualité et que les grandes enseignes transforment l’essai en mettant en avant cette démarche comme ils l’ont fait pour le lait. Nous pourrons compter sur le réseau de milliers de sociétaires de C’est qui le Patron ?! pour leur rappeler activement », conclut Nicolas Laurent.
Rémi Morvan