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Domaine du Petit Corfeuil

Canards gras et farines bio du Morvan

Il y a dix ans, Chantal et Daniel Naulin interrompaient leur carrière de salariés pour se lancer dans l’agro-tourisme. Au fil des années, le Domaine du Petit Corfeuil s’est fait un nom, tant par la qualité de ses produits que par son dynamisme. Portrait.
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La famille Naulin s’est installée à La Tagnière en 2002. A 51 ans, Chantal venait de quitter son emploi de cadre de la fonction publique pour se reconvertir à l’agro-tourisme. Désireuse « de revenir à plus de nature » et souhaitant « privilégier le contact », elle a passé un Bepa agricole pour finalement acheter une vieille ferme morvandelle de 62 hectares, alors abandonnée depuis huit ans. Une véritable friche que la famille Naulin s’est mise à nettoyer entre 2001 et 2002. Daniel, le mari de Chantal, était encore agent marketing dans une entreprise publique. Quant à Vincent, le fils, il suivait une formation dans les équidés à la Maison familiale rurale d’Etang-sur-Arroux. Les chevaux ont d’ailleurs été l’une des toutes premières activités du Domaine du Petit Corfeuil, Vincent étant, dès le départ, partie prenante de l’exploitation en temps qu’aide familial.
Daniel n’a rejoint la structure familiale que progressivement. Fin 2002, une paralysie le faisait entamer une longue période de convalescence. Au fur et à mesure que sa mobilité lui revenait, il s’est mis à aider son épouse, notamment en assurant les marchés et autres "sorties".

Gavage à l’ancienne


Dans son projet, Chantal avait choisi de produire des canards gras. L’activité a démarré en 2002 et, aujourd’hui, elle tourne à raison de 70 volailles toutes les trois semaines. Les canards sont achetés à 12 à 15 semaines d’âge pesant environ 5 kg. Le gavage –qui démarre le soir même– dure 14 jours, matin et soir. Il s’agit d’un "gavage à l’ancienne" avec du maïs grain entier ébouillanté. Les volailles sont abattues et découpées dans l’abattoir privé d’un confrère autunois. A l’abattage, les canards gras pèsent environ 8,5 kg. La découpe a lieu le lendemain après un ressuyage d’une nuit. Toute la viande fraîche (foie gras, cuisses, magrets, aiguillettes…) est conditionnée sous vide et rapatriées en containers isothermes. Environ un tiers de la production approvisionne des restaurateurs de la région. Un autre tiers est écoulé en vente directe à la ferme, dans le point de vente collectif "Saveurs mâconnaise" de Fleurville ou lors de sorties diverses. Le dernier tiers est transformé par un traiteur en une large gamme de produits (rillettes, confits, cassoulets, galantines…).
« Ce sont les sorties qui nous ont fait connaître », confie aujourd’hui Daniel. Marchés de producteurs, salons, portes ouvertes, buffets… Daniel en a assuré jusqu’à quatre-vingt par an. Des "sorties" parfois orchestrées par l’association "Terroirs de Saône-et-Loire - Bienvenue à la Ferme" mais aussi par "Morvan Terroir" avec le parc naturel régional dont la commune fait partie.

Céréales bio


Au fil des ans, l’activité équine de l’exploitation s’est effacée au profit d’une production céréalière bio. C’est en remettant en état les terres en friche de l’exploitation que Vincent a eu l’idée de cultiver des céréales. Découvrant que l’aliment qu’il donnait à ses chevaux contenait de l’épeautre, le jeune cultivateur faisait l’essai d’en semer 4 hectares. Plus tard, une rencontre avec un ancien meunier lui donna l’idée de produire des farines panifiables avec l’objectif de fabriquer son propre pain.
Aujourd’hui, l’exploitation compte une trentaine d’hectares de cultures. Ce sont principalement des variétés anciennes et rustiques qui se plaisent bien sur les terres granitiques et séchantes du Domaine du Petit Corfeuil : l’épeautre, l’ancêtre du blé ; plusieurs variétés de froments ; le petit épeautre, le seigle et le sarrasin, une polygonacée plus connue –et à tort– sous le nom de "blé noir". Vincent les conduit en système bio, sans aucun traitement. L’introduction du sarrasin dans la rotation confère un effet "engrais vert" de même qu’un rôle « nettoyant » contre les mauvaises herbes.

Un vrai pain au levain


Vincent s’est équipé d’un moulin à meule de pierre avec lequel il écrase ses graines. Pour le moment, la farine est vendue à des particuliers au magasin ou sur les marchés. Un four pour la cuisson du pain est sur le point d’être terminé. Il permettra à Vincent d’aller au bout de son projet initial à savoir : « fabriquer du pain bio ». « Mon point fort, c’est d’être producteur de mes propres céréales. C’est ce que la clientèle d’aujourd’hui attend. Elle veut voir et comprendre : du champ de céréales au pain, en passant par le moulin et le four. Ici, tout est visible et c’est ce qui favorise le dialogue et l’adhésion », explique Vincent.
Le jeune producteur a d’ores et déjà de nombreuses demandes pour son pain biologique. La fabrication se fera à raison de deux ou trois fournées par semaine, lesquelles seront livrées dans les points de ventes. Le pain bio a l’avantage de se conserver plusieurs jours. Vincent proposera un véritable pain au levain naturel. Une appellation trop souvent galvaudée à ses yeux, l’appellation "au levain" imposant l’utilisation d’une farine exclusivement fraiche de moins de quatre jours, ce qui suppose une mouture au fur et à mesure des besoins.

Salle de dégustation


Pour cet été, le Domaine du Petit Corfeuil va inaugurer une toute nouvelle salle de dégustation attenante à son nouveau magasin de vente. Un investissement d’un montant de 80.000 € pour répondre à la demande des offices de tourismes et des groupes et qui remplacera l'activité « Chambres et table d'hôtes » tenue huit années. Avec la visite du moulin, du four à pain et de l’atelier de gavage de canards, ce concept devrait permettre de satisfaire la saine curiosité de la clientèle. Une visite qui sera appréciée des propriétaires de camping-cars que la ferme accueille dans le cadre d’un réseau national.
A l’aube d’une nouvelle saison touristique, le Domaine poursuit son évolution. Un nouveau départ dont Chantal ne pourra malheureusement pas apprécier les effets, la maladie en ayant décidé autrement. Désormais, ce sont ses enfants qui reprennent le flambeau. Daniel et Vincent ont en effet été rejoints par Audrey, laquelle s’occupe à présent des canards. A voir l’enthousiasme et la générosité dont font preuve ces deux jeunes gens dans leur entreprise, nul doute que l’héritage de Chantal sera honoré.

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