Trump menace de taxer les vins à 200 % !
Alors que l’UE envisageait des rétorsions aux mesures américaines sur l’acier et l’aluminium par l’instauration de droits de douane, le président américain Donald Trump a renchéri, le 13 mars, en s’en prenant aux boissons alcoolisées européennes, dont les États-Unis sont un des principaux marchés d'exportation. L’ultimatum est fixé au 2 avril.

Dans une nouvelle diatribe postée sur son propre réseau social Truth Social, le locataire de la Maison blanche, promet d’instaurer « prochainement » un droit de douane de 200 % « sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés en provenance de France et d’autres pays membres de l’UE ». « Si ces droits de douane sont appliqués, le marché américain des vins de l’UE sera fermé, ce qui aura un effet dévastateur sur notre industrie », confirme Ignacio Sanchez Recarte, du CEEV (exportateurs européens). Et d’ajouter : « Les États-Unis représentent 27 % de nos exportations totales et il n’existe aucun autre marché susceptible de compenser une telle perte ». De son côté, SpiritsEurope a appelé à « arrêter de se servir » du secteur des spiritueux « comme monnaie d’échange dans des conflits qui n’ont rien à voir avec nous ».
La polémique
Les possibles mesures de rétorsion de l’UE sur les États-Unis, annoncées le 12 mars, avaient en effet fait naître des craintes au sein de la filière des boissons alcoolisées de l’UE, dont les États-Unis sont l’un des principaux marchés. Dans deux communiqués séparés publiés le même jour, l’industrie européenne du vin (CEEV) et celle des spiritueux (SpiritsEurope) invitaient notamment les parties des deux côtés de l’Atlantique à tenir leurs secteurs « à l’écart de différends sans rapport avec eux ». SpiritsEurope ajoute que ces droits auront « un impact terriblement dommageable pour les sociétés européennes produisant des spiritueux américains, sur les sociétés américaines lourdement investies en Europe et sur tous les acteurs de la chaîne de valeur ». Et cela pourrait « mettre en péril les nombreux emplois qu’ils soutiennent y compris en zones agricoles ». « En fin de compte, ce sont les entreprises et les consommateurs de l’UE et des États-Unis qui en supporteront les coûts », indique, de son côté, le CEEV. Les parties prenantes disposent de deux semaines (jusqu’au 26 mars) pour fournir leur avis à la Commission.
« Pas encore échoué », juge Bayrou
François Bayrou a estimé le 16 mars que « la négociation n’avait pas complètement échoué encore » avec l’administration Trump concernant sa menace de taxer à 200 % les alcools européens, le Premier ministre français laissant entendre que le choix de Bruxelles de taxer le bourbon américain avait pu être une « maladresse ». « Est-ce que des maladresses ont été faites ? Probablement oui, parce qu’on a introduit le bourbon du Kentucky comme si c’était une menace commerciale parce qu’on a repris une liste très ancienne sans la relire comme il aurait fallu. C’est au niveau de la Commission européenne », a déclaré François Bayrou. « Nous aurions souhaité, le Premier ministre, moi-même, que la Commission européenne, qui pilote les négociations, ne mette pas les boissons dans cette liste », a abondé le ministre de l’Économie Eric Lombard. Le Premier ministre a indiqué qu’il y avait « quinze jours devant nous pour essayer de trouver un chemin » avec les États-Unis sur le sujet. « Je suis pour essayer d’arranger les choses le plus vite possible, et je pense que la négociation n’a pas complètement échoué encore », car si des « tweets de Trump » existent, il n’y a « pas de décision encore, on va voir », a tenu à positiver François Bayrou.