Fruits : Les robots s’invitent dans les vergers
Organisées en Indre et Loire, les 3ème journées techniques pommes et poires ont mis en avant le rôle des nouvelles technologies pour l’avenir de la filière.

« Nous devons être ensemble pour réfléchir à notre futur verger » : en ouvrant, le 6 juillet, les 3èmes journées techniques pommes et poires de La Morinière (Indre-et-Loire), Jacques Rouchaussé, président du CTIFL a fixé le cap. « La révolution technologique arrive dans les vergers », poursuit-il. Et les 400 participants à cette journée ont pu le constater. Caméras, drones, robots, outils d’aides à la décision, stations météo, … la technologie la plus fine se met au service de l’arboriculture. Mais c’est la présentation de l’état de la recherche sur la cueille automatique des pommes et des poires qui a retenu le plus d’attention. La récolte représente 60 % de la main d’œuvre chez un arboriculteur. Le premier objectif de la mécanisation de la cueille est donc bien de réduire les coûts de production, a rappelé Claude Coureau, ingénieur au CTIFL. De plus, il est de plus en plus difficile de trouver de la main d’œuvre. « Est-ce que l’on aura encore du personnel pour cueillir des pommes et des poires dans 10 ans ? », s’est interrogé un producteur. A cette question, s’ajoute celle de la santé et de la sécurité au travail. Aujourd’hui, les échelles sont interdites, et doivent être remplacées par des plates-formes couteuses. Alors partout dans le monde (Nouvelle-Zélande, Japon, Etats-Unis, Israël, Belgique…) on cherche. Aux Etats-Unis, par exemple, Google vient d’investir 10 millions d’euros pour développer un robot de cueille qui aspire les pommes. Partout sauf en France ! Le Cemagref (aujourd’hui Irstea) avait développé un projet au milieu des années 80, mais il avait été abandonné. Des prototypes existent, ils sont encore perfectibles, et le robot de cueille n’est pas encore pour demain mais peut-être pour après-demain. Après tout, qui aurait dit il y a quelques années que l’on verrait une voiture se conduire toute seule ? « Il devient impératif que la France se raccroche à ce mouvement mondial de recherche. Il faut accompagner les équipementiers, soutenir les instituts de recherche » ont insisté les différents intervenants. Jacques Rouchaussé, qui est aussi président de Légumes de France, a indiqué qu’il demandait « officiellement » que sur les 5 milliards promis par Emmanuel Macron pour l’agriculture, 1,2 milliard soit fléché vers les fruits et légumes. « La filière fruits et légumes ne doit pas être orpheline de ce plan » a-t-il insisté. Les participants à cette journée sont repartis convaincus : la robotisation, c’est l’avenir.
- 9 % pour la future récolte française de pommes
La 3ème journée technique était co-organisée par la station d’expérimentation de La Morinière, l’Association nationale pommes poires (ANPP) et le CTIFL. Président de l’ANPP, Daniel Sauvaitre a fait un rapide point sur la situation de la prochaine récolte de pommes. En France, comme en Europe, les vergers ont été affectés par les épisodes de gel de printemps. Mais la France a été moins impactée que ses voisins européens. La récolte française devrait être en recul de 9 % par rapport à 2016. Pour l’ensemble de l’Europe, la baisse atteindrait les 30 %. La récolte européenne de pommes 2017 sera donc loin d’être abondante. « On peut supposer que le marché en tiendra compte et que la prochaine année de commercialisation sera plus facile » a espéré Daniel Sauvaitre. De son coté, Luc Barbier, président de la FNPF, a fait le point sur la démarche de reconnaissance en calamité agricole entamée après ces épisodes de gel. « Les règles ont changé en 2015 a-t-il rappelé. Désormais, la demande de reconnaissance permet de descendre jusqu’au niveau de la commune ». « On pourra connaître la réalité des dégâts après la récolte » a-t-il ajouté. Luc Barbier a précisé que la FNPF a « fait une demande auprès du FNGRA * pour que le taux d’indemnisation (de 20 à 30 %) soit relevé à 50 ou 60 % pour les arboriculteurs qui ont tout perdu. On attend la réponse ».
* Fonds national de gestion des risques en agriculture