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Intempéries

Mobiliser l’Etat et les assurances

En visite sur une exploitation de pommes et noix à Lanouaille, en
Dordogne, puis sur une exploitation viticole à Saint-Magne-de-Castillon
dans l’Entre-deux-Mers en Gironde suite à l'épisode de grêle qui a
frappé le Sud-Ouest, vendredi 2 août, Xavier Beulin a rappelé son
soutien aux arboriculteurs et viticulteurs sinistrés.
Par Publié par Cédric Michelin
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Au milieu des paysages de toits bâchés et des champs de tournesols et maïs dévastés, des filets pendent encore au dessus des vergers déchiquetés. Même de loin, on devine les fruits hachés ou troués, qui finissent de pourrir sur les branches ou au pied des arbres. La Dordogne porte encore les cicatrices du violent orage de grêle qui l'a traversée de part en part, le vendredi 2 août, suivant une nette diagonale sud-ouest/nord-est. Sur la fin de cette dernière, sur le secteur plutôt arboricole de Lanouaille, la grêle n'a pas moins frappé, au contraire. C'est dans ce décor décimé que Xavier Beulin, président de la FNSEA, a dressé un premier bilan des mesures mises en place suite à la catastrophe. « Il y a les mesures traditionnelles qui fonctionnent sur le court terme, telles que l'allégement des charges sociales, les avances sur trésorerie, etc. Mais, parallèlement, il y a une responsabilité des pouvoirs publics en particulier de l'Etat, qui doit agir, notamment via le dispositif du fonds de calamités », a insisté le président de la Fédération nationale.

60 millions d'euros de perte

Depuis quelques années, ce fonds des calamités est principalement alimenté par le secteur agricole, chose que déplore Xavier Beulin. « C'est un peu comme si l'agriculture s'assurait elle-même. Ce n'est pas une solution durable. L'Etat doit redoter ce fonds pour que l'on puisse traiter ensuite les dossiers qui remonteront de Dordogne. » Le département a, en effet, été durement touché par cet épisode de grêle : 100 communes frappées en quelques minutes, une perte de 60 millions d'euros de production selon les premières estimations, avec près de la moitié pour la viticulture, un quart pour l'arboriculture (pommes et noix) et le reste sur les grandes cultures type maïs et le maraîchage, plus de 10 000 hectares impactés, sans compter les élevages qui eux aussi ont payé un lourd tribut à l'orage. « Nous sommes inquiets pour la filière animale de même que pour l'arboriculture. Quid de cette filière qui a déjà été touchée par le gel l'an dernier », a rappelé Yannick Francès, président de la FDSEA départementale. « Les expertises ont été lancées sur le terrain. Nous avions peur que le comité ne se réunisse qu'en octobre, mais nous voilà rassurés d'apprendre qu'il a été avancé à la mi-septembre. Nous serons prêts. » En Gironde, les dégâts sont encore plus élevés, ils s’élèvent à 150 millions d’euros, selon Xavier Beulin.

Repenser le système d'assurance

Au-delà des aides d'urgence, ce sont des mesures plus structurelles qui seront nécessaires pour soutenir les filières. Xavier Beulin en a conscience : « Il va falloir insister auprès des préfets sur un point important : la reconnaissance de la perte de fonds. Une fois obtenue, elle permettra d'ouvrir d'autres possibilités d'aides. » La perte de fonds porte sur les arbres et rameaux impactés ainsi que sur des dégâts tels que les filets arrachés et tout ce qui représente l'outil de travail des exploitants. Les assurances sont aussi un point sur lequel le président de la FNSEA souhaite des changements notables. « En termes d'assurance, la solidarité ne repose que sur le nombre d'assurés. Or, le gros problème, c'est qu'il y a trop peu d'assurés au regard des risques encourus aujourd'hui », a-t-il souligné. Les énormes dégâts causés par la grêle seront peut-être l'occasion de se pencher sur un nouveau système d'assurance, à mi-chemin entre obligatoire et volontaire. Le sujet a également été évoqué en Gironde à Saint-Magne-de-Castillon à l’issue d’une rencontre avec les viticulteurs sinistrés de l’Entre-deux-Mers. Le président de la FNSEA penche pour un dispositif qui couvrirait le plus grand nombre de producteurs « quelle que soit leur production depuis l’élevage en passant par les grandes cultures, l’horticulture, la viticulture ». Ce qui permettrait d’avoir une assiette plus large et de réduire le coût de l’assurance. Les primes d’assurance « sont souvent beaucoup trop élevées pour les agriculteurs » et la majorité d’entre eux dont « la trésorerie est exsangue et la rentabilité insuffisante » préfèrent faire « l’impasse sur l’assurance jusqu’au jour il y a un pépin » observe-t-il. En attendant, la Fédération comme toutes les instances qui œuvrent pour remettre sur pied l'ensemble des filières agricoles et artisanales attendent les diagnostics qui découleront de la commission d'enquête, afin de remonter les résultats au ministère. Prochaine étape : la réunion du Comité national de gestion des risques en agriculture, qui a été avancée au 18 septembre prochain.

Les collectivités mobilisées

« Il faudra que nous mobilisions les collectivités, elles le savent ». Xavier Beulin confirme un mouvement qui a déjà commencé, dès le lendemain du 2 août. Bien que la procédure de calamité agricole soit pilotée par l'Etat, le Département a décidé de débloquer une enveloppe de 300 000 euros destinés à l'investissement, ainsi que 30 000 euros pour mettre à disposition la main d'œuvre nécessaire pour réparer les dégâts. Le Conseil Régional, quant à lui, met en place des prêts à taux zéro. Ces prêts de trésorerie sont proposés à taux zéro par les organismes bancaires grâce à une bonification du Conseil régional plafonnée à 0,5%. Ils peuvent atteindre une valeur de 20 000 euros par exploitation et sont mobilisables dès à présent pour une durée maximum de six mois. Ils sont destinés à couvrir les premières dépenses liées à la remise en état de l'outil de production ou à l'achat de fourrage pour les agriculteurs victimes de ces sinistres. La MSA, par la voix de sa présidente départementale Claudine Faure, a confirmé une première enveloppe de 300 000 euros qu'elle espère voir grossir. « Nous avions obtenu 1 million l'an dernier pour le gel. Nous espérons autant cette année. »

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