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Lutte contre les mortalités des abeilles

Mode d’emploi

Un agriculteur ne peut pas être un expert de l’apiculture. Mais en
dialoguant avec un apiculteur, il peut connaître les interactions clefs
entre son activité et les pollinisateurs, chasser les idées fausses et
prévenir les risques d’intoxication.
Par Publié par Cédric Michelin
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La prévention du risque est incontestablement la meilleure solution contre les intoxications. L’apiculteur se doit d’informer les agriculteurs de l’installation de son rucher à proximité des parcelles. Echanger sur les itinéraires techniques prévisionnels, confronter les points de vue,… c’est l’assurance d’une bonne prévention des risques. En cas de mortalité, la compréhension du mécanisme d’affaiblissement des ruches doit aussi être partagée.
La production apicole est une production où l’animal n’est pas l’abeille mais la colonie. Pour les besoins de la colonie, les butineuses prospectent dans un rayon de plusieurs kilomètres autour de la ruche pour rechercher l’eau, le pollen (apport de protéines) et le nectar. Lors de ses déplacements, l’abeille peut être exposée à des traitements phytosanitaires et donc éventuellement à un accident de type intoxication. La gestion des traitements phytosanitaires mais aussi le dialogue entre l’agriculteur et l’apiculteur sont des facteurs favorables. Traiter en soirée ou vraiment tôt le matin, en l’absence d’abeille, peut à ce titre être envisagé.

Partager la technique apicole



L’abeille explore toutes les ressources de son environnement. Elle privilégie les plantes mellifères ou attractives, mais pas seulement. Elle se délecte par exemple du miellat produit sur le blé. Cette sécrétion sucrée est consécutive à l’attaque de pucerons sur des épis de blé. Même sur les cultures qui ne sont pas réputé attractives, une approche précautionneuse s’impose.
Malgré tous les efforts, un accident, une intoxication, ça peut arriver. Parlons-en !
Des apiculteurs peuvent constater des pertes de butineuses. Ces pertes ne sont pas systématiquement dues à des intoxications liées à des produits phytosanitaires, mais cela peut être le cas.


Estimation des pertes économiques selon deux situations


Lire le tableau en pièce jointe

La perte de récolte ne représente qu’un tiers de la perte totale. La charge la plus importante est la reconstitution du cheptel (entre 80 € à 150 € par ruche).
Dans chaque région française, les apiculteurs professionnels de la FNSEA sont à votre disposition pour échanger. Nous avons tous à y gagner.



L’apiculture est une activité économique




Comme sur de nombreuses productions agricoles, le marché du miel est complètement mondialisé. Lors d’une conférence de presse, le 8 mars dernier, la section apicole de la FNSEA a dénoncé l’envahissement de miels à bas prix. Ces importations (prix 1,70 € du kilo) tirent vers le bas le prix des miels proposés aux consommateurs par la grande distribution. On peut estimer qu’un quart du miel consommé en France est acheté en grande distribution (consommation française estimée à 40.000 tonnes). La production française est évaluée entre 15.000 et 18.000 tonnes. La baisse de production et la politique du plus bas prix conduisent au déréférencement des miels issus de la production française, notamment celui produits dans les zones de grandes cultures (colza, tournesol...).



Vient de paraître : "Les Abeilles butinent. Protégeons-les !"



L’institut technique (ITSAP Institut technique et scientifique de l’abeille et de la pollinisation) en partenariat avec l’AFFP (Association française de protection des plantes) diffuse une plaquette d’information destinée à tous les producteurs agricoles. Celle-ci résume l’essentiel de la réglementation et des principes pour préserver les abeilles et les pollinisateurs sauvages. La plaquette est disponible chez votre distributeur ainsi que par téléchargement sur le site du Cetiom.


http://www.cetiom.fr/fileadmin/cetiom/kiosque/PDF_fiches_TK/abeilles_afpp_2010.pdf




Le colza


Une culture stratégique pour l’apiculteur


Agriculteurs, portez une grande attention à vos traitements sur le colza. Une forte proportion de l’activité apicole en dépend.
Dans de nombreuses régions, la vie de l’entreprise apicole se joue lors de la miellée sur colza. La production de miel sur cette culture peut représenter 60 % du chiffre d’affaire annuel. Un accident technique peut remettre en cause l’entreprise. Une mauvaise utilisation des produits phytosanitaires peut éventuellement être à l’origine d’accidents, que la mise en œuvre de règles simples est susceptible de prévenir.
Le rendement d’une ruche lors de la floraison de colza représente en moyenne 10 kg à 30 kg de miel, soit 60 € de chiffre d’affaires par ruche (prix du miel vrac : 3,15 € le kilo environ), soit environ 60 % de la production moyenne et annuelle d’une ruche en zone de plaine.
Ces chiffres moyens cachent une forte variabilité du prix du miel induite par les conditions météorologiques et la stratégie de chaque entreprise apicole. Depuis de nombreuses années, les apiculteurs doivent reconstruire leurs cheptels à hauteur de 30 % avant ou pendant cette miellée par essaimage (dédoubler une ruche). La valeur d’un essaim est d’environ 90 €.
L’utilisation d’un insecticide sur le colza en période de floraison est strictement réglementée. Pendant la période de floraison seuls les produits homologués en France et portant la mention abeille doivent être utilisés. Cette mention signifie que le produit est utilisable pendant la période de floraison, mais uniquement en absence d’abeille.
Avant d'engager un traitement insecticide, les agriculteurs doivent donc vérifier s'il y a ou non présence d'abeilles ou d'autres pollinisateurs sur la culture. En cas de présence d'abeilles, le traitement sera reporté au soir ou tôt le lendemain matin, périodes où les abeilles sont absentes des champs.




Agriculture- Apiculture
Cultivons nos points communs


Au sein de la FNSEA, la section nationale apicole et les associations spécialisées des grandes cultures, réunies au sein d’Orama, ont engagé une réflexion commune pour permettre une meilleure connaissance de nos métiers respectifs.
Les incompréhensions et l’absence de dialogue ont parfois généré une opposition qui n’est pas le reflet du lien entre cultures et pollinisateurs. De nombreuses questions se posent aujourd’hui à nos filières, qu’elles soient techniques ou économiques. Nos instituts techniques doivent s’en saisir et y apporter des réponses communes, des solutions concrètes aux problèmes des uns sans en créer de nouveaux pour les autres. Chacun doit faire des efforts pour mieux prendre en compte les activités des autres dans ses pratiques quotidiennes et dans sa réflexion globale.
Le premier de ces efforts est certainement d’instaurer un dialogue, de partager les expériences et les pratiques pour trouver les voies d’une amélioration au bénéfice des hommes et de l’environnement.
Ensemble, agriculteurs et apiculteurs sauront trouver les solutions.
Bernard Berque, président de la section apicole de la FNSEA, et Rémi Haquin, président de la Commission environnement d’Orama

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