Accès au contenu
Territoires

« On a "phosphoré" sur des thèmes forts pour le territoire »

« Agriculteurs, venez donner votre avis pour préparer demain », proposait, 18 mois plus tôt, le Grand Charolais. Dans un contexte agricole mouvementé, cette intercommunalité, a engagé en 2024 un audit territorial multi-acteurs, en partenariat avec la chambre d’agriculture. Avec l'objectif de chercher des solutions collectives aux problématiques actuelles du monde agricole. Les résultats de cette démarche étaient présentés le 11 juillet.

Par Frédéric RENAUD
« On a "phosphoré" sur des thèmes forts pour le territoire »
Les élus de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et du Grand Charolais ont présenté les résultats de l’audit territorial du Charolais, le 11 juillet, à Martigny-le-Comte.

Les élus de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et du Grand Charolais ont présenté les résultats de l’audit territorial du Charolais, le 11 juillet, à Martigny-le-Comte. « Ce bilan territorial sera suivi par les Rendez-vous de l’agriculture du Grand Charolais, le 15 octobre », annonce Gérald Gordat, le président de la communauté de communes, « afin de se projeter dans l’avenir, pour générer une suite à ces réflexions. »

Auparavant, quatre groupes de travail « ont vraiment phosphoré » sur des thèmes forts pour le territoire : la transmission, le bocage, l’énergie et l’attractivité. » Ces travaux ont été menés « dans le cadre des "audits 360", proposés par la Région Bourgogne Franche-Comté », précise Jean-Jacques Lahaye, représentant de la chambre d’agriculture. « La profession sent que les territoires, les acteurs et la population changent, avec l’essor des installations atypiques. Les élus du Charolais veulent étudier comment orienter l’agriculture dans une ruralité en mouvement. » 

Sur le sujet des énergies renouvelables, les participants estiment qu’il faut « sensibiliser autour du développement des énergies renouvelables, valoriser les expériences probantes, encourager les collectivités et les citoyens à investir dans des projets individuels et / ou collectifs, ceci afin de conserver la valeur ajoutée sur le territoire. »

Le groupe propose quelques actions : « la création d’un "guichet unique" sur les énergies renouvelables (ENR) et le développement d’un projet agrivoltaïque public-privé », indique Noémie Morin, conseillère spécialisée de la chambre d’agriculture. Les participants ont identifié des atouts, « notamment le potentiel de production en bois-énergie ; la production photovoltaïque en forte croissance ; le potentiel de développement sur le solaire thermique sur les toits. » Le territoire recèle déjà des outils de production innovants : « chaufferie bois énergie à Poisson, parcs photovoltaïques au sol, projet de production hydroélectrique à Nochize », avertit Patrick Bouillon, pilote du groupe "énergies". Des points de vigilance ont été soulevés : « en particulier la préservation du foncier agricole, avec un risque de spéculation de la part des propriétaires. Ainsi que la gestion durable de la biomasse, la qualité paysagère et la préservation du patrimoine, » complète Noémie Morin.

Le bocage, un autre thème fort, les participants le relient « à un réservoir de carbone, de biodiversité et une source de biomasse utile, mais fragile. Son entretien et sa préservation demandent du temps et des compétences. » Pour mener à bien ces intentions, des actions phares ont été pensées : « un guide pratique : "Le bocage, on peut vous aider" ;  l’expérimentation d’un diagnostic communal de la gestion des haies ; la création d’un lieu dédié au bocage », révèle Etienne Perradin, conseiller de la chambre d’agriculture.

Les participants signalent plusieurs atouts : « le système herbager performant ; la qualité paysagère ; l’important maillage hydraulique ; le potentiel de biomasse. » Ils perçoivent aussi des points de vigilance : « le changement climatique ; la baisse de la démographie agricole, donc un manque de main d’oeuvre sur les exploitations ; localement, la détérioration du bocage ; la qualité écologique des cours d’eau. »

Cette analyse avait déterminé plusieurs enjeux : « comme l’accompagnement technique et financier des agriculteurs pour valoriser la biomasse, avec des incitations à modifier les pratiques de gestion du bocage. » Tout en prenant en compte que « ce changement de pratiques est un travail sur le long terme qui passe par de l’expérimentation avec des agriculteurs volontaires », soutient Pierre Pluriel, agriculteur et pilote du groupe "bocage"». 

L’enjeu de la transmission a également été exploré. « Parce que les exploitations agricoles participent à la sauvegarde du patrimoine bâti et de ce paysage d’exception », défend Philippe Dumoux, vice-président du Grand Charolais, en charge de l’agriculture. Dans un contexte de baisse du nombre d’exploitations, de difficultés de reprises agricoles et de développement de projets de diversification, « quel rôle notre intercommunalité peut-elle jouer en complément des dispositifs existants auprès des porteurs de projets et des futurs cédants ? » Deux actions-phares ont été proposées : « identifier les opportunités de transmissions agricoles territoriales et créer un "tiers-lieu"d’accueil agricole. »

Parmi les atouts mis en évidence : « un pôle agricole reconnu avec les principaux acteurs de la filière bovins allaitants ; un prix du foncier abordable ; un territoire dynamique ; de l’agritourisme et des circuits-courts ; de nouveaux profils d’agriculteurs avec la volonté d’un retour à la terre », détaille Gaël Pellenz, conseiller transmission de la chambre d’agriculture. A surveiller : « le capital important des exploitations en système bovins/viande ; le manque de main d’oeuvre, la difficulté à recruter ; ainsi que l’opinion publique sur l’élevage », cite Philippe Dumoux. Autant de paramètres qui définissent des enjeux, comme « l’amélioration de la connaissance des départs prévisibles sur le territoire ; la création d’un vrai lien entre cédant et repreneur ; donner la possibilité d’expérimenter, avec de nombreux dispositifs à mieux faire connaître », indique Gaël Pellenz.

Les réflexions menées sur l’attractivité ont identifié « le Grand Charolais comme un territoire agricole d’excellence, reconnu pour ses différentes filières de qualité. » Néanmoins, « comment valoriser l’agriculture et faire aimer le terroir, le métier d’agriculteur et les productions locales ? » indique Elodie Forgeat.

Des atouts existent, « notamment la reconnaissance d’un berceau de races de renommée mondiale, avec un terroir et une gastronomie spécifique ; la présence d’outils de transformation et d’expérimentation ; des centres de formation agricoles diversifiés ; des manifestations agricoles au rayonnement national. » Mais cette situation favorable est tempérée par quelques points de vigilance, « comme le difficile renouvellement des générations ; la restructuration des outils d’abattage et de transformation ; la pression des marchés extérieurs ; et une faible notoriété du Grand Charolais en France. »

Ce diagnostic précis flèche des enjeux forts, « travailler sur les débouchés et la garantie d’un marché ; accompagner les exploitants pour développer et diversifier leurs productions (accompagnement humain et matériel) », poursuit Elodie Forgeat avant de citer les deux actions prioritaires : « la création d’un évènement gastronomique pour promouvoir le territoire ; la promotion des métiers et des formations agricoles par une mise en réseau des acteurs. »

Audit territorial