Semaine du développement durable
Terra Vitis certifie « de la vigne au verre »

Ariane Tilve
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À l’occasion de la semaine européenne du développement durable, qui s’achève ce 8 octobre, le Domaine des Gandelins nous accueille pour découvrir la certification Terra Vitis en compagnie de son propriétaire, de conseillers chambre et de techniciens. 

Le Domaine des Gandelins, certifié Terra Vitis.
Le Domaine des Gandelins, certifié Terra Vitis.

Terra Vitis est une certification de l’exploitation et des vins qu’elle produit, le fruit du travail de viticulteurs et de viticultrices ayant à cœur de promouvoir et valoriser les bonnes pratiques d’une filière vitivinicole durable et responsable. C’est aussi et surtout l’unique certification nationale spécifique à la viticulture, reconnue par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. « Il s’agit d’une approche globale, tout est lié, de l’assolement à l’approvisionnement en eau en passant par l’énergie utilisée et les conditions de travail », précise Thibault Laugaa, conseiller viticulture à la chambre d’agriculture du Rhône. Née en 1998 en Beaujolais, la certification séduit rapidement la Bourgogne, le Jura, et d’autres jusqu’à compter, aujourd’hui, caves coopératives et quelques négociants en France, à l’instar de Castel en Rhône Méditerranée. Actuellement, on compte 57 certifiés en Bourgogne-Franche-Comté et 47 dans le Beaujolais. Patrick Thévenet, qui nous accueille dans son Domaine des Gandelins à la Chapelle-de-Guinchay, a cette particularité d’être rattaché au bureau du Beaujolais alors qu’il se trouve en Saône-et-Loire, pour des raisons évidentes de localisation du vignoble.

Un cahier des charges exhaustif et exigeant

Conçu par des femmes et des hommes de terrain, en toute connaissance des réalités du métier, ce cahier des charges est construit autour des cinq points clés : la traçabilité ; l’exhaustivité des points de contrôle inscrits dans une démarche globale qui s’applique « de la vigne au verre » ; le raisonnement « pragmatique et cohérent » de la démarche ; un cahier des charges évolutif et enfin le partage d’expériences et de bonnes pratiques. Pour le chapitre biodiversité, Terra Vitis impose l’identification, le calcul et l’entretien des infrastructures agroécologiques identifiées. « Des indicateurs qui sont étudiés parcelle par parcelle » insiste Clarisse Gassenard, conseillère à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. La certification s’emploie même à prendre en compte « l’insertion dans le paysage, la gestion des déchets et le recyclage », ajoute-t-elle. L’année dernière, un volet social a été rajouté à la demande d’un monopole suédois. En clair, Terra Vitis est une certification qui s’applique à toutes les étapes de production du vin. « Nous ne nous contentons pas de certifier que les raisins ont été produits de manière responsable ; nous contrôlons que toute l’exploitation dont ils sont issus respecte le cahier des charges » renchérit Clarisse Gassenard. En plus d’être une grille d’évaluation transparente et mesurable pour la certification, le cahier des charges est aussi un guide complet pour les viticulteurs et viticultrices qui souhaitent aller vers une gestion exemplaire de leur domaine. Actuellement, il comprend près de 80 points de contrôle.

Une certification 100 % développement durable

« Terra Vitis promeut depuis toujours des méthodes avant-gardistes. Méthodes qui ont parfois été reprises bien plus tard dans des réglementations aujourd’hui obligatoires » insiste Caroline Le Roux, technicienne vignoble chez Vinescence. La certification dresse une liste de restriction par rapport au mancozèbe, au folpel ou encore au metirame. De plus, aucun produit classé toxique (T) n’est autorisé. Depuis 2019, les spécialités CMR (cancer, mutagène et reprotoxique) et toxiques sont interdites depuis 2021, après une tolérance (lissage de 2019 à 2021). Un cadre malmené par l’obligation de traitement contre la flavescence dorée qui frappe durement les viticulteurs. « C’est très difficile de se retrouver avec une obligation de traiter lorsque l’on a passé près de vingt ans "sans pesticides" dans nos vignes », déplore la viticultrice Ghislaine Large de Charnay dans le Rhône, tout en reconnaissant la nécessité d’agir pour contenir cette maladie de quarantaine qui fait des ravages dans le secteur. Mais pour cette épreuve, comme pour d’autres, la certification ne cesse d’évoluer et de s’adapter. Elle est en perpétuelle quête d’adaptation aux nouveaux défis de l’époque et se base sur des études extrêmement concrètes pour trancher par la suite.

Pour Terra Vitis, l’obtention demande d’avoir effectué un diagnostic d’entrée, puis le cahier des charges est remis en réunion collective. Un audit est réalisé en interne le premier été, et par un organisme externe à l’automne. Trois types de contrôles ont lieu tous les deux ans en moyenne : un contrôle par l’association, un autre par un organisme indépendant, et le dernier par un laboratoire d’analyses des résidus de vins.