La problématique du foncier est très sensible en Bresse. L’arrivée d’investisseurs court-termistes voire, perfides, l’écriture des PLUI, le projet d’un parc naturel régional sont autant de motifs d’inquiétude pour les agriculteurs bressans. Mais grâce au maillage syndical et à une implication dans les rouages territoriaux, il est possible de peser.

La vigilance est de mise sur le foncier

« Le secteur de la Bresse bourguignonne est soumis à une forte pression foncière », présente Christophe Morin. Un phénomène qui s’est accru ces dernières années avec « l’arrivée d’investisseurs qui récupèrent du foncier agricole par des rachats partiels de parts de société ». Une pratique « qui échappe aux contrôles de la Safer et des structures », dénonce l’agriculteur. « Dans notre commune, nous avons la chance d’avoir encore beaucoup d’élevages laitiers. Ce sont des exploitations familiales qui ont su évoluer et qui ont besoin de surfaces. Malheureusement, les terres partent parfois à des investisseurs du Nord-Est de la France qui y font cultiver des céréales par des entreprises », illustre Cédric Tissot, éleveur à Baudrières. Il y a aussi le cas d’agriculteurs peu scrupuleux qui, via le transfert de parts, parviennent à reprendre les terres de confrères vulnérables, sans avoir à se soumettre au contrôle des structures. « Certains reprennent même des prairies dont ils touchent les mesures agro-environnementales et vendent le foin », dénonce Cédric Tissot.

Faire remonter les cas et changer la loi…

Alertée par le terrain, la FDSEA a organisé une action syndicale à Baudrières en juillet dernier pour dénoncer cette dérive. À cette occasion, les éleveurs locaux ont expliqué que la commune avait la chance d’avoir des jeunes installés et qu’il était dommage que le foncier disponible ne leur profite pas à cause de cette faille. D’ailleurs, pour Cédric Tissot, ce n’est pas contre les investisseurs que la profession se mobilise. Car ces derniers seraient les bienvenus s’ils permettaient des installations de jeunes, explique l’agriculteur.

Dans ce dossier, les syndicats locaux jouent un rôle important sur le terrain pour faire remonter les cas de ce type et riposter par des actions, explique Christophe Morin. La profession demeure mobilisée pour faire changer la loi foncière et faire évoluer le schéma des structures et des Safer.

Dans les communes, les exploitants sont également invités à s’investir dans les enquêtes publiques liées à l’élaboration des nouveaux PLUI. Il s’agit d’éviter le grignotage des surfaces agricoles par une urbanisation trop anarchique qui augmenterait l’impact des ZNT, explique Christophe Morin.

Le dialogue et le débat pour peser

Le projet de parc naturel régional suscite aussi de l’inquiétude chez les agriculteurs du Pays de la Bresse. Dévoilé fin 2018, ce projet fait redouter de nouvelles contraintes. Pour répondre aux interrogations légitimes des agriculteurs, la chambre d’agriculture et la FDSEA avaient organisé une réunion le 11 juin 2019 à Branges avec l'appui également de la coopérative Bourgogne du Sud. Plus de 300 personnes y étaient. Le 4 novembre, les quatre présidents des CSEA de la Bresse invitaient les quatre présidents des communautés de communes pour échanger sur le sujet en présence de la sous-préfète. « Les responsables locaux de la FDSEA sont fortement engagés pour que la profession soit pleinement intégrée au projet et puisse donner son avis », confie Christophe Morin. « Les élus semblent avoir bien compris nos inquiétudes. Il ne s’agit pas d’être totalement opposé au projet de parc. Mais il faut que nous nous investissions pour participer à l’écriture de la charte », complète Cédric Tissot. « La problématique du foncier est un sujet très sensible », conclut Christophe Morin. D’où l’importance « du maintien d’un maillage syndical local pour être au plus près de ces problématiques ». Importance aussi de « créer un lien fort avec les communautés de communes et de parvenir à mettre en place des commissions agricoles à l’échelle des com'coms pour débattre de ces sujets », termine Christophe Morin.