Biolo'week
S'installer en bio ?

Ariane Tilve
-

Avec 4,5 % de surface agricole utile bio (SAU) enregistrées en 2020, la Saône-et-Loire est loin des 15 % prévus par l’État en 2022. Avec la Biolo’week, organisée du 24 au 28 octobre, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire a tenté d’aborder les différentes problématiques des porteurs de projets qu’elle accompagne, à commencer par l’épineuse question de l’installation.

Ferme ovine entièrement autonome en fourrage et qui ne fait que de la vente directe, la Bergerie de Santagny a accueilli lundi 24 octobre la première journée de la Biolo'week.
Ferme ovine entièrement autonome en fourrage et qui ne fait que de la vente directe, la Bergerie de Santagny a accueilli la première journée de la Biolo'week lundi 24 octobre.

En organisant, la semaine dernière, cinq portes ouvertes chez des exploitants labellisés, la chambre d’agriculture a voulu favoriser les échanges autour de pratiques techniques, d’outils et d’approches de l’agriculture biologique. Lundi 24 octobre, le premier après-midi était consacré aux porteurs de projets. En présence de Claire Maillard, conseillère régionale, les échanges ont notamment porté sur l’installation et la conversion bio d’une ferme ovine 100 % autonome en fourrage et 100 % en vente directe, en l’occurrence la Bergerie de Santagny, qui accueillaient le groupe.

L’occasion aussi d’échanger sur la viticulture, et notamment sur le projet Vitaf, lancé en avril au lycée viticole de Davayé. Ce projet a pour objectif de créer une dynamique d’agroforesterie sur des parcelles viticoles. Annabelle Leuthreau, conseillère à la chambre d’agriculture, rappelle que les huit conseillers de la chambre, chacun spécialisé dans leur production, que ce soit la viticulture, le maraîchage, les grandes cultures et les élevages, ont tous la capacité d’accompagner les projets conventionnels aussi bien que bio. « Nous accompagnons toutes les démarches qualité, valorisons les bonnes pratiques et les techniques qui contribuent à une performance sociétale, économique et environnementale », précise-t-elle.

Les aides financières à l’installation et au-delà

« Le processus d’installation en bio est le même que pour les projets conventionnels. Il s’agit pour les conseillers de la chambre d’agriculture d’accompagner les porteurs de projets dans leur demande de DJA (N.D.L.R. : lorsqu’ils répondent aux critères d’âge, notamment, qui est de 40 ans maximum), sachant qu’il existe une majoration pour les jeunes qui s’installent en bio », explique Annabelle Leuthreau. En effet, l’un des critères de modulation de la DJA est le "Projet agroécologique". Il se décompose en trois sous critères de performance environnementale : AOC/AOP, IGP hors filière viticole, et agriculture biologique. Ce critère de la Dotation jeune agriculteur (DJA) permet l’obtention d’une modulation maximale de 60 %. Une fois installés, la chambre d’agriculture, épaulée par la Région et le Département, continue à accompagner les jeunes agriculteurs. Jusqu’à présent, les nouveaux engagements en matière de conversion et de maintien en bio étaient pris pour une durée de cinq ans et localisés à la parcelle. Il faut pour cela notifier son activité auprès de l’Agence Bio et s’engager auprès d’un organisme certificateur avant le dépôt du dossier Pac de l’année de la demande, sachant que la Pac 2023 entre en vigueur dans moins de deux mois et que les aides à l’AB conversion et maintien ne sont pas cumulables entre elles sur une même parcelle, ni cumulables, à l’échelle de l’exploitation, avec les MAEC « systèmes » (mesures agroenvironnementales et climatiques).

Enfin, un crédit d’impôt est destiné aux agriculteurs engagés en agriculture biologique, qu’ils soient imposables ou non, à hauteur de 3.500 € par structure et par an. Pour cela, il faut qu’au moins 40 % du chiffre d’affaires de la ferme sur l’année fiscale de référence provienne d’activités qui font l’objet d’une certification en agriculture biologique. Le cumul avec des aides bio Conversion et maintien est plafonné à 4.000 €. Une autre aide est proposée par la Région pour la qualification en bio en production de légumes, petits fruits, plantes à parfum, aromatiques et médicinales, fruits à pépins et à noyau (pommes, abricots, cerises et griottes, pêches et nectarines, poires et coings, prunes et prunelles), fruits à coque comestibles (amandes, noix de cajou, châtaignes, noisettes, pistaches, noix communes), apiculture et transformation à la ferme (hors vin). Les exploitants agricoles exerçant à titre individuel, dans un cadre sociétaire, ou en Cuma, ont jusqu’au 31 décembre pour déposer leur dossier.

Graphisme de l'Orab.

 

La production bio en chiffres*

Le nombre de fermes bio continue de croître sur l’ensemble du territoire régional et, avec lui, les surfaces en bio qui représentent aujourd’hui 10 % des SAU de Bourgogne Franche-Comté, au grand dam de BioBourgogne qui estime que « la volonté politique, au plus haut niveau, manque, et que les dispositifs incitatifs susceptibles de faire massivement évoluer les systèmes agricoles font encore cruellement défaut ». Il est néanmoins important de dissocier les SAU du nombre d’exploitations qui ont fait le choix du bio. Ces exploitations sont souvent beaucoup plus petites mais elles sont très nombreuses et témoignent d’une volonté réelle. C’est d’autant plus vrai en Saône-et-Loire où l’on ne comptait, en 2021, 4,5 % de SAU mais 569 fermes bio, alors que la Haute-Saône, qui est en tête de la Région avec 14,6 % de SAU bio, ne compte que 347 fermes labellisées. Ce qui, en revanche, est valable pour l’ensemble de la Bourgogne Franche-Comté, c’est la hausse continue des conversions depuis 2015 avec 422 nouvelles fermes certifiées en 2021, c’est mieux que les 415 engagements de 2020. Cette dynamique s’explique en partie par la meilleure valorisation en bio qu’en agriculture conventionnelle, tendance générale maintenue en 2021. Mais les incertitudes liées à la nouvelle Pac et aux aides bio ont un impact négatif, pour l’heure limité. D’autant plus que les ventes baissent. En grande distribution, les ventes de produits bio à poids fixe ont globalement reculé de 14,2 % en valeur au premier trimestre 2022. Idem pour le chiffre d’affaires des magasins spécialisés qui a reculé de plus de 16 %. Sachant que toutes les filières ne sont pas égales. Les ventes de poulets bio ont reculé de plus de 14 %, la charcuterie de plus de 13 %, alors qu’en grandes cultures, ces neuf derniers mois, la collecte globale de céréales bio et en deuxième année de conversion a progressé de 37 % tandis que les importations de ces mêmes céréales reculaient de 20 %.

* Chiffres fournis par l’Observatoire régional de l’agriculture biologique de Bourgogne Franche-Comté.

 

La viticulture est la filière phare du bio en Bourgogne-Franche-Comté avec 50 % d’augmentation entre 2017 et 2022. Avec 128 nouveaux engagés dans une démarche bio, l’année 2021 affiche une belle dynamique de conversion. En Saône-et-Loire 923 ha de SAU sont en conversion, 799 sont certifiés bio pour 100 domaines. Pourtant, au cours du premier trimestre 2022, les ventes de vins bio tranquilles en GMS, hors hard discount, ont reculé de plus de 19 % en volume.