Yves Durand
Disparition d’un expert de la viande charolaise

Marc Labille
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Le 20 mai dernier, Yves Durand s’est éteint des suites d’une longue maladie. Il avait 71 ans. En retraite de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire depuis 2015, il avait été une figure du monde de l’élevage bovin et un expert incontournable de la viande charolaise. 

Disparition d’un expert de la viande charolaise

Aux prémisses de quarante années d’une carrière passionnante, Yves Durand, fils d’agriculteurs ardéchois diplômé d’un BTS, avait pourtant débuté dans le Calvados. C’est en 1975 qu’il rejoignait finalement la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire comme jeune technicien de secteur. Faisant ses armes sur le terrain, il disait s’être formé au contact des éleveurs du département auprès desquels il avait vécu la sécheresse de 1976. Après avoir perfectionné ses connaissances en alimentation au sein de l’Institut national agronomique Paris-Grignon, il devenait le responsable de la ferme de Jalogny en 1988. Sous sa responsabilité, les premiers travaux portant sur la qualité de la viande virent le jour et la ferme expérimentale prenait son essor, s’entourant de nombreux partenaires scientifiques nationaux. En 2000, Yves Durand se voyait proposer de poursuivre les travaux engagés sur la viande au sein du tout nouvel Institut Charolais.

Durant toutes ces années d’expérimentation, Yves Durand a contribué à la redécouverte d’un véritable savoir-faire d’éleveurs. Ainsi a-t-on démontré scientifiquement les vertus du lin et de l’herbe dans la finition des animaux. Les travaux sur la caractérisation des viandes menés à l’Institut Charolais ont été décisifs dans l’écriture du cahier des charges de l’AOP Bœuf de Charolles.

Yves Durand est même parvenu à convaincre l’Inra, l’Enesad (Agrosup Dijon) et le CNRS de percer les mystères du fameux grain de viande. Au sein du Syndicat de défense du Bœuf de Charolles, il a contribué à l’invention de l’analyse sensorielle. Un savoir-faire dont il s’était fait une spécialité, lui qui animait avec brio des dégustations de viande bovine, même après son départ en retraite.

Mais au-delà de l’inestimable avancée des savoirs à laquelle il a contribué au sein de la filière charolaise, Yves Durand, c’était avant tout un personnage charismatique. Sa chaleur humaine, sa bonne humeur communicative et cet accent qui en faisait le plus charolais des méridionaux : il était un formidable catalyseur de talents. L’un des rares de la sphère charolaise à faire le lien avec tous les maillons de la filière : scientifiques, bouchers, chevillards, abatteurs, négociants, marchands d’aliments, grossistes, restaurateurs… Il les connaissait tous et tous l’appréciaient.

Si sa notoriété professionnelle dépassait largement les frontières départementales et s’il tutoyait des savants, cela ne l’a pas empêché de rester simple, proche des gens de la terre. En dépit de son expertise hors du commun, il avait ce don humaniste de savoir partager ses connaissances. L’élevage charolais lui doit beaucoup.

À ses enfants et petits-enfants ainsi qu’à tous ses nombreux amis, la profession et L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire leur présentent leurs plus sincères condoléances.