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Élevage bovin

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

Depuis 2005, Benoît Souvignet et son père ont formé plus de 2.400 éleveurs à une méthode de dressage en douceur élaborée sur la base de leur propre expérience. « On n’a rien inventé, ce sont les animaux qui nous ont tout appris ! ». Pour la première fois, le 2 août, la méthode Souvignet s’invite en Saône-et-Loire…

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

On parle beaucoup d’innovations technologiques en agriculture, mais il est également possible d’innover de façon immatérielle et d’exporter un savoir-faire. C’est ce que fait une famille d’éleveurs du Cantal : les Souvignet. Depuis 2005, c’est dans un registre peu connu que le Gaec Souvignet (devenu Souvignet-Patient) s’illustre en essaimant sa méthode de dressage de bovins dans 50 départements, mais aussi en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ou encore en Espagne. « On n’a rien inventé, tout ce qu’on sait, ce sont les vaches qui nous l’ont appris et on continue d’apprendre », tient à relativiser Michel Souvignet, aujourd’hui retraité. En une décennie, il a animé, avec son fils Benoît, près de 160 sessions de formation, auprès de quelque 2.400 éleveurs dont la plupart ont depuis revisité leur approche animalière.

Une approche sans aucun esprit anthropomorphique mais qui prône un dressage sans stress mais ferme pour simplifier et sécuriser le quotidien des éleveurs.

Trente ans d’expérience

Cette méthode, ils l’ont mise au point pas à pas, en cheminant aux côtés de leur cheptel limousin, auquel il s’agissait d’abord d’apprendre aux animaux à défiler pour les concours. « Benoît devait avoir dix ans, il voyait des copains qui partaient en concours, il a voulu dresser des animaux… et quand on n’est pas fort, il faut être habile, sourit Michel Souvignet. On voulait les faire marcher à la corde et on s’est aperçu qu’il y avait des choses que les animaux acceptaient facilement, d’autres pour lesquelles ils rechignaient systématiquement ». Un sens de l’observation aiguisé et pas mal de temps passé au milieu du troupeau vont forger une expérience commune de trente ans.

Une méthode acquise sur le tas, dans les élevages - « contrairement à l’éthologie de laboratoire », glisse Michel - et qui fait ses preuves. Avec des intérêts multiples pour les éleveurs : faciliter la conduite du cheptel, la sécurité (1) des hommes et des animaux, « mais c’est aussi un moyen de sélection car ça permet d’éliminer les animaux à caractère et de valoriser son produit : un reproducteur docile comme une génisse licolée, se vend forcément mieux », témoignent les Souvignet. « Au départ de la formation, il y a des gars sceptiques, mais quand ils voient qu’en dix minutes on fait marcher une génisse, ils n’en reviennent pas ! ». Avant d’arriver à ce résultat, père et fils réalisent un diagnostic de l’exploitation support de la formation et de ses pratiques et délivrent leur feuille de route qui débute par l’aménagement du bâtiment. Avec un leitmotiv : pas d’échappatoire, de cachette, de demi-barrière dans le parc à veaux qui doit rester fermé pour empêcher le veau de se réfugier derrière sa mère. « Il faut apprendre au veau à rester en présence de l’Homme, ce qui suppose des contacts quotidiens et de lui ôter toute possibilité de fuite, explique Benoît. Si vous avez 30 jeunes bovins à sevrer, mieux vaut faire trois parcs pour dix veaux qu’un seul pour 30 ».

La phase clé de séparation avec la mère

Le sevrage est la phase clé du dressage : « c’est la séparation avec la mère, là où le veau est le plus déstabilisé, donc réceptif et peut s’attacher à l’éleveur. C’est à ce moment-là qu’on fixe la formation ». Ce qui n’enlève rien à la nécessité d’une présence humaine quotidienne auprès du troupeau dès le plus jeune âge : « quinze minutes deux à trois fois par jour dans la stabulation suffisent », analyse Michel.

Autre cap important : l’apprentissage du respect de la corde puis celui de l’Homme. Objectif : que l’animal ne tire plus sur la corde. Comment ? En l’attachant deux jours consécutifs (2 x 8 heures) au licol à une barrière (2). « Au départ, il va s’exciter, si on le relâche au bout d’une heure, il sera toujours énervé et stressé, ça n’aura servi à rien. Il faut qu’il se calme ». Une étape qui sert aussi de test : les animaux toujours récalcitrants à son terme ne sont pas récupérables et font partie des 10 % de bovins « à caractère, indressables » (lire ci-contre).

Au Gaec Souvignet-Patient, ce dressage à la corde fait partie des tâches incontournables : « au sevrage, on planifie une semaine pour ça ». L’animal est alors prêt pour la phase d’approche et l’apprentissage de la marche, comme l’expérimentent les éleveurs en formation, où, à tour de rôle, en binôme, ils vont acquérir les bons automatismes dans un couloir de marche puis dans un espace de semi-liberté.

Comme ses « élèves », Michel est toujours aussi enthousiaste des résultats. « Trente ans après, c’est toujours aussi passionnant », lâche-t-il.

Patricia Olivieri

 

(1) 41 % des accidents sur les élevages sont provoqués par les animaux.

(2) Jamais face à un mur, avec au maximum 40 cm de corde entre la tête de l’animal et le point d’attache (barrière).

 

 

 

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

On parle beaucoup d’innovations technologiques en agriculture, mais il est également possible d’innover de façon immatérielle et d’exporter un savoir-faire. C’est ce que fait une famille d’éleveurs du Cantal : les Souvignet. Depuis 2005, c’est dans un registre peu connu que le Gaec Souvignet (devenu Souvignet-Patient) s’illustre en essaimant sa méthode de dressage de bovins dans 50 départements, mais aussi en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ou encore en Espagne. « On n’a rien inventé, tout ce qu’on sait, ce sont les vaches qui nous l’ont appris et on continue d’apprendre », tient à relativiser Michel Souvignet, aujourd’hui retraité. En une décennie, il a animé, avec son fils Benoît, près de 160 sessions de formation, auprès de quelque 2.400 éleveurs dont la plupart ont depuis revisité leur approche animalière.

Une approche sans aucun esprit anthropomorphique mais qui prône un dressage sans stress mais ferme pour simplifier et sécuriser le quotidien des éleveurs.

Trente ans d’expérience

Cette méthode, ils l’ont mise au point pas à pas, en cheminant aux côtés de leur cheptel limousin, auquel il s’agissait d’abord d’apprendre aux animaux à défiler pour les concours. « Benoît devait avoir dix ans, il voyait des copains qui partaient en concours, il a voulu dresser des animaux… et quand on n’est pas fort, il faut être habile, sourit Michel Souvignet. On voulait les faire marcher à la corde et on s’est aperçu qu’il y avait des choses que les animaux acceptaient facilement, d’autres pour lesquelles ils rechignaient systématiquement ». Un sens de l’observation aiguisé et pas mal de temps passé au milieu du troupeau vont forger une expérience commune de trente ans.

Une méthode acquise sur le tas, dans les élevages - « contrairement à l’éthologie de laboratoire », glisse Michel - et qui fait ses preuves. Avec des intérêts multiples pour les éleveurs : faciliter la conduite du cheptel, la sécurité (1) des hommes et des animaux, « mais c’est aussi un moyen de sélection car ça permet d’éliminer les animaux à caractère et de valoriser son produit : un reproducteur docile comme une génisse licolée, se vend forcément mieux », témoignent les Souvignet. « Au départ de la formation, il y a des gars sceptiques, mais quand ils voient qu’en dix minutes on fait marcher une génisse, ils n’en reviennent pas ! ». Avant d’arriver à ce résultat, père et fils réalisent un diagnostic de l’exploitation support de la formation et de ses pratiques et délivrent leur feuille de route qui débute par l’aménagement du bâtiment. Avec un leitmotiv : pas d’échappatoire, de cachette, de demi-barrière dans le parc à veaux qui doit rester fermé pour empêcher le veau de se réfugier derrière sa mère. « Il faut apprendre au veau à rester en présence de l’Homme, ce qui suppose des contacts quotidiens et de lui ôter toute possibilité de fuite, explique Benoît. Si vous avez 30 jeunes bovins à sevrer, mieux vaut faire trois parcs pour dix veaux qu’un seul pour 30 ».

La phase clé de séparation avec la mère

Le sevrage est la phase clé du dressage : « c’est la séparation avec la mère, là où le veau est le plus déstabilisé, donc réceptif et peut s’attacher à l’éleveur. C’est à ce moment-là qu’on fixe la formation ». Ce qui n’enlève rien à la nécessité d’une présence humaine quotidienne auprès du troupeau dès le plus jeune âge : « quinze minutes deux à trois fois par jour dans la stabulation suffisent », analyse Michel.

Autre cap important : l’apprentissage du respect de la corde puis celui de l’Homme. Objectif : que l’animal ne tire plus sur la corde. Comment ? En l’attachant deux jours consécutifs (2 x 8 heures) au licol à une barrière (2). « Au départ, il va s’exciter, si on le relâche au bout d’une heure, il sera toujours énervé et stressé, ça n’aura servi à rien. Il faut qu’il se calme ». Une étape qui sert aussi de test : les animaux toujours récalcitrants à son terme ne sont pas récupérables et font partie des 10 % de bovins « à caractère, indressables » (lire ci-contre).

Au Gaec Souvignet-Patient, ce dressage à la corde fait partie des tâches incontournables : « au sevrage, on planifie une semaine pour ça ». L’animal est alors prêt pour la phase d’approche et l’apprentissage de la marche, comme l’expérimentent les éleveurs en formation, où, à tour de rôle, en binôme, ils vont acquérir les bons automatismes dans un couloir de marche puis dans un espace de semi-liberté.

Comme ses « élèves », Michel est toujours aussi enthousiaste des résultats. « Trente ans après, c’est toujours aussi passionnant », lâche-t-il.

Patricia Olivieri

 

(1) 41 % des accidents sur les élevages sont provoqués par les animaux.

(2) Jamais face à un mur, avec au maximum 40 cm de corde entre la tête de l’animal et le point d’attache (barrière).

 

 

 

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

On parle beaucoup d’innovations technologiques en agriculture, mais il est également possible d’innover de façon immatérielle et d’exporter un savoir-faire. C’est ce que fait une famille d’éleveurs du Cantal : les Souvignet. Depuis 2005, c’est dans un registre peu connu que le Gaec Souvignet (devenu Souvignet-Patient) s’illustre en essaimant sa méthode de dressage de bovins dans 50 départements, mais aussi en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ou encore en Espagne. « On n’a rien inventé, tout ce qu’on sait, ce sont les vaches qui nous l’ont appris et on continue d’apprendre », tient à relativiser Michel Souvignet, aujourd’hui retraité. En une décennie, il a animé, avec son fils Benoît, près de 160 sessions de formation, auprès de quelque 2.400 éleveurs dont la plupart ont depuis revisité leur approche animalière.

Une approche sans aucun esprit anthropomorphique mais qui prône un dressage sans stress mais ferme pour simplifier et sécuriser le quotidien des éleveurs.

Trente ans d’expérience

Cette méthode, ils l’ont mise au point pas à pas, en cheminant aux côtés de leur cheptel limousin, auquel il s’agissait d’abord d’apprendre aux animaux à défiler pour les concours. « Benoît devait avoir dix ans, il voyait des copains qui partaient en concours, il a voulu dresser des animaux… et quand on n’est pas fort, il faut être habile, sourit Michel Souvignet. On voulait les faire marcher à la corde et on s’est aperçu qu’il y avait des choses que les animaux acceptaient facilement, d’autres pour lesquelles ils rechignaient systématiquement ». Un sens de l’observation aiguisé et pas mal de temps passé au milieu du troupeau vont forger une expérience commune de trente ans.

Une méthode acquise sur le tas, dans les élevages - « contrairement à l’éthologie de laboratoire », glisse Michel - et qui fait ses preuves. Avec des intérêts multiples pour les éleveurs : faciliter la conduite du cheptel, la sécurité (1) des hommes et des animaux, « mais c’est aussi un moyen de sélection car ça permet d’éliminer les animaux à caractère et de valoriser son produit : un reproducteur docile comme une génisse licolée, se vend forcément mieux », témoignent les Souvignet. « Au départ de la formation, il y a des gars sceptiques, mais quand ils voient qu’en dix minutes on fait marcher une génisse, ils n’en reviennent pas ! ». Avant d’arriver à ce résultat, père et fils réalisent un diagnostic de l’exploitation support de la formation et de ses pratiques et délivrent leur feuille de route qui débute par l’aménagement du bâtiment. Avec un leitmotiv : pas d’échappatoire, de cachette, de demi-barrière dans le parc à veaux qui doit rester fermé pour empêcher le veau de se réfugier derrière sa mère. « Il faut apprendre au veau à rester en présence de l’Homme, ce qui suppose des contacts quotidiens et de lui ôter toute possibilité de fuite, explique Benoît. Si vous avez 30 jeunes bovins à sevrer, mieux vaut faire trois parcs pour dix veaux qu’un seul pour 30 ».

La phase clé de séparation avec la mère

Le sevrage est la phase clé du dressage : « c’est la séparation avec la mère, là où le veau est le plus déstabilisé, donc réceptif et peut s’attacher à l’éleveur. C’est à ce moment-là qu’on fixe la formation ». Ce qui n’enlève rien à la nécessité d’une présence humaine quotidienne auprès du troupeau dès le plus jeune âge : « quinze minutes deux à trois fois par jour dans la stabulation suffisent », analyse Michel.

Autre cap important : l’apprentissage du respect de la corde puis celui de l’Homme. Objectif : que l’animal ne tire plus sur la corde. Comment ? En l’attachant deux jours consécutifs (2 x 8 heures) au licol à une barrière (2). « Au départ, il va s’exciter, si on le relâche au bout d’une heure, il sera toujours énervé et stressé, ça n’aura servi à rien. Il faut qu’il se calme ». Une étape qui sert aussi de test : les animaux toujours récalcitrants à son terme ne sont pas récupérables et font partie des 10 % de bovins « à caractère, indressables » (lire ci-contre).

Au Gaec Souvignet-Patient, ce dressage à la corde fait partie des tâches incontournables : « au sevrage, on planifie une semaine pour ça ». L’animal est alors prêt pour la phase d’approche et l’apprentissage de la marche, comme l’expérimentent les éleveurs en formation, où, à tour de rôle, en binôme, ils vont acquérir les bons automatismes dans un couloir de marche puis dans un espace de semi-liberté.

Comme ses « élèves », Michel est toujours aussi enthousiaste des résultats. « Trente ans après, c’est toujours aussi passionnant », lâche-t-il.

Patricia Olivieri

 

(1) 41 % des accidents sur les élevages sont provoqués par les animaux.

(2) Jamais face à un mur, avec au maximum 40 cm de corde entre la tête de l’animal et le point d’attache (barrière).

 

 

 

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

On parle beaucoup d’innovations technologiques en agriculture, mais il est également possible d’innover de façon immatérielle et d’exporter un savoir-faire. C’est ce que fait une famille d’éleveurs du Cantal : les Souvignet. Depuis 2005, c’est dans un registre peu connu que le Gaec Souvignet (devenu Souvignet-Patient) s’illustre en essaimant sa méthode de dressage de bovins dans 50 départements, mais aussi en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ou encore en Espagne. « On n’a rien inventé, tout ce qu’on sait, ce sont les vaches qui nous l’ont appris et on continue d’apprendre », tient à relativiser Michel Souvignet, aujourd’hui retraité. En une décennie, il a animé, avec son fils Benoît, près de 160 sessions de formation, auprès de quelque 2.400 éleveurs dont la plupart ont depuis revisité leur approche animalière.

Une approche sans aucun esprit anthropomorphique mais qui prône un dressage sans stress mais ferme pour simplifier et sécuriser le quotidien des éleveurs.

Trente ans d’expérience

Cette méthode, ils l’ont mise au point pas à pas, en cheminant aux côtés de leur cheptel limousin, auquel il s’agissait d’abord d’apprendre aux animaux à défiler pour les concours. « Benoît devait avoir dix ans, il voyait des copains qui partaient en concours, il a voulu dresser des animaux… et quand on n’est pas fort, il faut être habile, sourit Michel Souvignet. On voulait les faire marcher à la corde et on s’est aperçu qu’il y avait des choses que les animaux acceptaient facilement, d’autres pour lesquelles ils rechignaient systématiquement ». Un sens de l’observation aiguisé et pas mal de temps passé au milieu du troupeau vont forger une expérience commune de trente ans.

Une méthode acquise sur le tas, dans les élevages - « contrairement à l’éthologie de laboratoire », glisse Michel - et qui fait ses preuves. Avec des intérêts multiples pour les éleveurs : faciliter la conduite du cheptel, la sécurité (1) des hommes et des animaux, « mais c’est aussi un moyen de sélection car ça permet d’éliminer les animaux à caractère et de valoriser son produit : un reproducteur docile comme une génisse licolée, se vend forcément mieux », témoignent les Souvignet. « Au départ de la formation, il y a des gars sceptiques, mais quand ils voient qu’en dix minutes on fait marcher une génisse, ils n’en reviennent pas ! ». Avant d’arriver à ce résultat, père et fils réalisent un diagnostic de l’exploitation support de la formation et de ses pratiques et délivrent leur feuille de route qui débute par l’aménagement du bâtiment. Avec un leitmotiv : pas d’échappatoire, de cachette, de demi-barrière dans le parc à veaux qui doit rester fermé pour empêcher le veau de se réfugier derrière sa mère. « Il faut apprendre au veau à rester en présence de l’Homme, ce qui suppose des contacts quotidiens et de lui ôter toute possibilité de fuite, explique Benoît. Si vous avez 30 jeunes bovins à sevrer, mieux vaut faire trois parcs pour dix veaux qu’un seul pour 30 ».

La phase clé de séparation avec la mère

Le sevrage est la phase clé du dressage : « c’est la séparation avec la mère, là où le veau est le plus déstabilisé, donc réceptif et peut s’attacher à l’éleveur. C’est à ce moment-là qu’on fixe la formation ». Ce qui n’enlève rien à la nécessité d’une présence humaine quotidienne auprès du troupeau dès le plus jeune âge : « quinze minutes deux à trois fois par jour dans la stabulation suffisent », analyse Michel.

Autre cap important : l’apprentissage du respect de la corde puis celui de l’Homme. Objectif : que l’animal ne tire plus sur la corde. Comment ? En l’attachant deux jours consécutifs (2 x 8 heures) au licol à une barrière (2). « Au départ, il va s’exciter, si on le relâche au bout d’une heure, il sera toujours énervé et stressé, ça n’aura servi à rien. Il faut qu’il se calme ». Une étape qui sert aussi de test : les animaux toujours récalcitrants à son terme ne sont pas récupérables et font partie des 10 % de bovins « à caractère, indressables » (lire ci-contre).

Au Gaec Souvignet-Patient, ce dressage à la corde fait partie des tâches incontournables : « au sevrage, on planifie une semaine pour ça ». L’animal est alors prêt pour la phase d’approche et l’apprentissage de la marche, comme l’expérimentent les éleveurs en formation, où, à tour de rôle, en binôme, ils vont acquérir les bons automatismes dans un couloir de marche puis dans un espace de semi-liberté.

Comme ses « élèves », Michel est toujours aussi enthousiaste des résultats. « Trente ans après, c’est toujours aussi passionnant », lâche-t-il.

Patricia Olivieri

 

(1) 41 % des accidents sur les élevages sont provoqués par les animaux.

(2) Jamais face à un mur, avec au maximum 40 cm de corde entre la tête de l’animal et le point d’attache (barrière).

 

 

 

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

Mercredi 2 août à Digoin, la méthode de dressage des bovins Souvignet sera expliquée aux éleveurs

On parle beaucoup d’innovations technologiques en agriculture, mais il est également possible d’innover de façon immatérielle et d’exporter un savoir-faire. C’est ce que fait une famille d’éleveurs du Cantal : les Souvignet. Depuis 2005, c’est dans un registre peu connu que le Gaec Souvignet (devenu Souvignet-Patient) s’illustre en essaimant sa méthode de dressage de bovins dans 50 départements, mais aussi en Suisse, au Luxembourg, en Belgique ou encore en Espagne. « On n’a rien inventé, tout ce qu’on sait, ce sont les vaches qui nous l’ont appris et on continue d’apprendre », tient à relativiser Michel Souvignet, aujourd’hui retraité. En une décennie, il a animé, avec son fils Benoît, près de 160 sessions de formation, auprès de quelque 2.400 éleveurs dont la plupart ont depuis revisité leur approche animalière.

Une approche sans aucun esprit anthropomorphique mais qui prône un dressage sans stress mais ferme pour simplifier et sécuriser le quotidien des éleveurs.

Trente ans d’expérience

Cette méthode, ils l’ont mise au point pas à pas, en cheminant aux côtés de leur cheptel limousin, auquel il s’agissait d’abord d’apprendre aux animaux à défiler pour les concours. « Benoît devait avoir dix ans, il voyait des copains qui partaient en concours, il a voulu dresser des animaux… et quand on n’est pas fort, il faut être habile, sourit Michel Souvignet. On voulait les faire marcher à la corde et on s’est aperçu qu’il y avait des choses que les animaux acceptaient facilement, d’autres pour lesquelles ils rechignaient systématiquement ». Un sens de l’observation aiguisé et pas mal de temps passé au milieu du troupeau vont forger une expérience commune de trente ans.

Une méthode acquise sur le tas, dans les élevages - « contrairement à l’éthologie de laboratoire », glisse Michel - et qui fait ses preuves. Avec des intérêts multiples pour les éleveurs : faciliter la conduite du cheptel, la sécurité (1) des hommes et des animaux, « mais c’est aussi un moyen de sélection car ça permet d’éliminer les animaux à caractère et de valoriser son produit : un reproducteur docile comme une génisse licolée, se vend forcément mieux », témoignent les Souvignet. « Au départ de la formation, il y a des gars sceptiques, mais quand ils voient qu’en dix minutes on fait marcher une génisse, ils n’en reviennent pas ! ». Avant d’arriver à ce résultat, père et fils réalisent un diagnostic de l’exploitation support de la formation et de ses pratiques et délivrent leur feuille de route qui débute par l’aménagement du bâtiment. Avec un leitmotiv : pas d’échappatoire, de cachette, de demi-barrière dans le parc à veaux qui doit rester fermé pour empêcher le veau de se réfugier derrière sa mère. « Il faut apprendre au veau à rester en présence de l’Homme, ce qui suppose des contacts quotidiens et de lui ôter toute possibilité de fuite, explique Benoît. Si vous avez 30 jeunes bovins à sevrer, mieux vaut faire trois parcs pour dix veaux qu’un seul pour 30 ».

La phase clé de séparation avec la mère

Le sevrage est la phase clé du dressage : « c’est la séparation avec la mère, là où le veau est le plus déstabilisé, donc réceptif et peut s’attacher à l’éleveur. C’est à ce moment-là qu’on fixe la formation ». Ce qui n’enlève rien à la nécessité d’une présence humaine quotidienne auprès du troupeau dès le plus jeune âge : « quinze minutes deux à trois fois par jour dans la stabulation suffisent », analyse Michel.

Autre cap important : l’apprentissage du respect de la corde puis celui de l’Homme. Objectif : que l’animal ne tire plus sur la corde. Comment ? En l’attachant deux jours consécutifs (2 x 8 heures) au licol à une barrière (2). « Au départ, il va s’exciter, si on le relâche au bout d’une heure, il sera toujours énervé et stressé, ça n’aura servi à rien. Il faut qu’il se calme ». Une étape qui sert aussi de test : les animaux toujours récalcitrants à son terme ne sont pas récupérables et font partie des 10 % de bovins « à caractère, indressables » (lire ci-contre).

Au Gaec Souvignet-Patient, ce dressage à la corde fait partie des tâches incontournables : « au sevrage, on planifie une semaine pour ça ». L’animal est alors prêt pour la phase d’approche et l’apprentissage de la marche, comme l’expérimentent les éleveurs en formation, où, à tour de rôle, en binôme, ils vont acquérir les bons automatismes dans un couloir de marche puis dans un espace de semi-liberté.

Comme ses « élèves », Michel est toujours aussi enthousiaste des résultats. « Trente ans après, c’est toujours aussi passionnant », lâche-t-il.

Patricia Olivieri

 

(1) 41 % des accidents sur les élevages sont provoqués par les animaux.

(2) Jamais face à un mur, avec au maximum 40 cm de corde entre la tête de l’animal et le point d’attache (barrière).