Une réserve de 500 m3 d’eau à flanc de coteau !
A Vérosvres, Emeline Dufour et Anthony Ruet ont construit un système de récupération des eaux de pluie et une réserve d’eau de 500 mètres cubes. Pour pouvoir implanter un tel ouvrage sur un terrain accidenté, ils ont pu compter sur une solution originale made in Saône-et-Loire !

Le Gaec des Ducs est l’exploitation d’Émeline Dufour et d’Anthony Ruet à Verosvres. Les deux associés sont à la tête d’un élevage bovins de 135 charolaises et d’un atelier volailles. Après une carrière d’infirmière, Émeline a rejoint Anthony sur la ferme en 2020 en créant une activité de production de poulettes prêtes à pondre. Les poussins arrivent à 1 jour et sont élevés jusqu’à 17 semaines. Le poulailler accueille ainsi 2,5 lots par an. Les volailles sont élevées pour les Fermiers du Sud-Est/Envie d’œufs.
Le bâtiment d’élevage d’une capacité de 60.000 poulettes couvre 1.780 mètres carrés plus 270 m2 pour le stockage des déjections. Sa construction a été soumise à enquête publique et la réglementation imposait une réserve incendie de 120 mètres cubes. Dans le cadre de l’enquête publique, les opposants ont trouvé à redire sur la consommation d’eau d’un tel élevage, ce qui a contraint les associés à installer un dispositif de récupération des eaux de pluie et à augmenter la capacité de leur réserve d’eau à 500 mètres cubes.
Trois fois moins de place au sol
Au départ, Émeline et Anthony avaient pensé à un réservoir souple posé au sol, mais avec un volume d’eau porté à 500 m3, il fallait une poche d’environ 30 m par 15 m impliquant un important terrassement sur un terrain particulièrement accidenté et rocheux. Chargée du terrassement du projet, l’entreprise Sivignon TP de Vendenesse-lès-Charolles a mis en relation les exploitants avec la société Symbiose Technologies SAS de Montceau-les-Mines. Cette dernière proposait un réservoir circulaire « sans béton » qui nécessitait moins de surface au sol qu’un réservoir souple. « Une solution pour tous les endroits compliqués, même avec relief, qui requière trois fois moins de surface au sol et moins de terrassement qu’une poche souple carrée », fait valoir Philippe Rouballay, créateur et dirigeant de Symbiose Technologies.
Facile à monter
Baptisé « Eurotank », le réservoir proposé par l’entreprise saône-et-loirienne se présente sous la forme d’un cylindre à parois métalliques. Ces parois sont faites de tôles galvanisées boulonnées les unes aux autres et renforcées par deux anneaux circulaires en acier, l’un au sol et l’autre à 3 m de hauteur, les deux solidarisés par des câbles tendus. La contenance de la réserve dépend du diamètre du réservoir dont la capacité peut aller jusqu’à 1.450 mètres cubes avec une épaisseur des tôles portée à 2,5 mm, indique Philippe Rouballay.
L’un des avantages de cette réserve est sa facilité de mise en œuvre. « Il lui faut un terrain horizontal avec un sol compacté à 50 MPa, comme pour une voirie », indique le dirigeant. Le sol compacté doit simplement être recouvert d’un lit de sable de quelques centimètres, sur lequel vient reposer un « liner », membrane étanche en PVC qui remonte le long des parois du réservoir. Au Gaec des Ducs, le montage a nécessité deux journées de travail à trois avec la participation de l’agriculteur. Les monteurs étaient équipés de boulonneuses électriques.
Eaux de pluies issues de 2.000 m2 de toitures
Cette réserve est alimentée par les eaux de pluie issues des 2.000 mètres carrés de toiture du poulailler. Ces eaux sont collectées par un jeu de chéneaux et de gouttières puis circulent par gravité dans des canalisations enterrées de 200 mm de diamètre. L’eau descend ainsi du poulailler situé en hauteur et arrive en contrebas dans un regard à l’air libre. De là, un tuyau de 110 mm alimente le réservoir et le trop-plein d’eau est rejeté dans la nature. L’eau pénètre dans l’Eurotank par le fond et la sortie d’eau se fait également par le bas du réservoir. Deux vannes ont été installées : une de gros diamètre pour les pompiers et une seconde de plus petit diamètre pour l’exploitant. Cette seconde vanne ne peut pas prélever en dessous du niveau de 120 mètres cubes (réserve incendie), précise Anthony. Au niveau du regard de remplissage, une filtration permet d’éviter les particules organiques (feuilles, mousse, cadavres d’oiseaux…). Les particules les plus fines sont évacuées de la réserve par un hydrocurage effectué à l’aide de la vanne de sortie, explique Philippe Rouballay.
L’abreuvement des bovins en projet…
S’il est revenu plus cher qu’un réservoir souple de type poche, l’Eurotank a permis à Anthony et Émeline de gagner de la place et du temps dans un projet complexe. Sur leur terrain accidenté, une réserve souple aurait pris la place d’un futur hangar de stockage, font-ils valoir. La construction du poulailler comprenant le terrassement, l’implantation de la réserve d’eau, le stockage, les fondations, les dossiers administratifs… a coûté 1,350 million d’euros, confie Anthony. 6.000 mètres cubes de terres ont dû être déblayées, ajoute-t-il. La réserve d’eau a bénéficié d’une aide du conseil Départemental.
Avec ce stock de 500 mètres cubes d’eau à proximité, Émeline et Anthony réfléchissent à abreuver leurs bovins. Des bêtes se désaltèrent déjà dans le regard de remplissage. Lors des futures périodes de sécheresse, les éleveurs envisagent de se servir de cette eau pour remplir leurs tonnes. Et cette eau alimentera probablement un jour la stabulation voisine.
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Un système de traitement de l’eau modulaire comme un jouet !
Symbiose Technologies est un spécialiste de la récupération et du traitement des eaux de pluie. Pour l’abreuvement des animaux d’élevage, il propose notamment une solution modulaire permettant d’aller plus ou moins loin dans la qualité de l’eau selon les besoins. « Nous sommes contre l’excès de filtration », explique d’emblée Philippe Rouballay qui invite à d’abord définir le besoin avant d’opter pour un système. Et le dirigeant fait remarquer que, selon les provenances, la saison, etc., aucune eau n’est pareille à une autre en agriculture, d’où l’intérêt d’adapter le traitement à la situation. L’originalité du système « Potabbox » est de se présenter comme des briques de jeux à monter. Le premier module est une pré-filtration qui enlève les plus grosses impuretés. Un module d’ultra-filtration peut être ajouté ; il empêche le passage des virus et des bactéries. L’ensemble peut être complété par un module « de finition » doté, par exemple, de charbons actifs, pour éliminer les traces de produits chimiques, métaux lourds, solvants, odeurs. Le module ultime peut être un système de chloration destiné à maintenir l’eau propre dans les canalisations.