Flor’Aline à Curgy
Flor’Aline à Curgy : des vaches et des plantes aromatiques !

Marc Labille
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En Gaec avec son époux et son fils élevant de bovins allaitants, Aline Goujon a créé un atelier de production de plantes aromatique sur la ferme. Une diversification originale qui ravive des savoir-faire oubliés.  

Flor’Aline à Curgy : des vaches et des plantes aromatiques !
Aline Goujon produit une partie de ses plantes aromatiques dans un jardin et pratique aussi la cueillette de plantes sauvage.

À Curgy, le Gaec Goujon est composé de trois associés : Aline, Franck et François. C’est François qui s’est installé le premier sur l’exploitation familiale en 1989. Son épouse Aline l’a rejoint en 1997 et en 2014, leur fils Franck intégrait à son tour le Gaec. À l’origine, la famille Goujon élevait exclusivement des charolaises avec une prédilection pour les bêtes viandées dont certaines étaient exposées au concours de bovins de boucherie d’Autun. L’élevage Goujon est même allé présenter l’une de ses femelles bouchères au Salon de l’agriculture à Paris. En 2010, Aline et François se sont mis à élever aussi des aubracs. Aujourd’hui, le Gaec compte 90 mères aubrac et 60 charolaises. S’ils n’ont pas pu se défaire de leur race première, ils ont vite apprécié les qualités d’élevage des vaches du sud Massif Central : facilité de vêlage, veaux dégourdis, frais vétérinaires diminués, rusticité… Et la famille Goujon s’est même prise au jeu de la sélection. Le troupeau est inscrit au Herd-Book Aubrac et le Gaec vend des reproducteurs mâles et femelles.

« J’ai toujours aimé les plantes… »

L’élevage des bovins n’a plus de secret pour Aline qui a grandi dans le Haut-Morvan dans une ferme charolaise. Mais avec l’arrivée du fils Franck, dont la compagne est elle-même une « mordue de vaches », Aline s’est un peu éloignée des étables. En 2020, elle a décidé de réaliser son rêve : créer son propre atelier de production de plantes aromatiques. « J’ai toujours aimé les plantes », confie l’agricultrice dont la mère et la grand-mère morvandelles possédaient déjà « cette connaissance ». Gardant « toujours un pot de camomille sur la cuisinière, elles soignaient par les plantes… », se souvient Aline. Ce projet allait aussi lui permettre de se lancer dans la vente directe, l’occasion d’assouvir son envie « de voir du monde », elle qui a ouvert un gîte près de la ferme.

Culture et cueillette sauvage

Aline cultive un certain nombre de plantes et elle pratique aussi la cueillette sauvage dans les prés, champs, lisières de bois aux alentours de la ferme. Un ancien potager a été converti en jardin aromatique. Aline y cultive du thym, du romarin, de la sarriette, de l’origan, de l’estragon…, mais aussi des bleuets, coquelicots, mauves, l’agastache au parfum anisé, l’alivèche qui ressemble au céleri, la rose de provins pour la digestion, les soucis…

Quant à la cueillette, elle concerne les mauves, le houblon, la reine-des-prés, l’ail des ours, les feuilles de frêne… Aline récolte également beaucoup d’orties, des matricaires, des fleurs de sureau… La culture de plantes aromatique est difficile sur les terres argileuses de la ferme. L’agricultrice doit aussi composer avec le dérèglement climatique qui rend la réussite aléatoire. Pour la cueillette sauvage, les récoltes sont irrégulières avec des années moins propices que d’autres. Aline cible des terrains qui ne reçoivent aucun produit phytosanitaire. La récolte est très saisonnière avec un gros pic de travail à partir du mois de mai. Chaque matin, la cueillette prend beaucoup de temps, confie Aline.

Un laboratoire dans le grenier

Pour la transformation de ses plantes, la productrice a fait aménager un laboratoire dans le grenier du corps de ferme où se trouve aussi sa maison. Le local est recouvert de parois en PVC lessivables. Aline a fait fabriquer un séchoir artisanal. C’est une sorte de grand garde-manger en bois. Il renferme 18 claies de 60 cm de côté superposées l’une sur l’autre et amovibles comme des tiroirs. Le fond de ces claies est recouvert d’un grillage très fin sur lequel sont entreposées les parties de plantes aromatiques à sécher (pétale, feuilles, fleurs…). Le séchage est assuré par un radiateur et un ventilateur positionnés sur la partie basse du séchoir. Il dure 24 heures sans dépasser 30 °C, explique Aline.

Ce laboratoire lui a coûté plus de 5.000 € sans compter le séchoir. Mais l’agricultrice a pu compter sur une subvention de 1.200 € du conseil Régional.

Tisanes et mélanges culinaires

Aline fabrique une trentaine de tisanes ainsi qu’une douzaine de mélanges culinaires. Elle a mis au point ses recettes « en autodidacte », s’appuyant sur la lecture de nombreux ouvrages. Le conseil est en effet rare en la matière et les recettes plutôt tenues secrètes… Seulement 148 plantes sont autorisées à la vente libre, signale Aline. L’activité est en effet contrainte par une législation peu favorable à l’usage des plantes médicinales. On touche au domaine réservé de la pharmaco-industrie et les diplômes d’herboristes ont aujourd’hui disparu, explique-t-elle.

Tisanes et mélanges culinaires sont des assemblages de plantes mis au point par l’agricultrice. Sa tisane « Plaisir du soir » est idéale « après le dîner pour se détendre », présente-t-elle. La « Nuit divine » est recommandée pour le sommeil. Aline propose aussi « la Morvandelle » en hommage à la passion que lui ont transmise sa mère et sa grand-mère. Elle élabore la « Quatre fleurs » qui se boit en tisane froide d’été, une tisane de Noël, sans oublier les indispensables « Détox » et « Zen »… Pour la cuisine, Aline propose des mélanges pour salades, barbecue, soupes… Les « Herbes du soleil » sont sa version des herbes de Provence. Son mélange « herbes sauvages » va très bien pour du poisson, des pommes de terre sautées… L’agricultrice s’est aussi mise à produire des champignons séchés et même des pommes séchées consommées pour l’apéritif.

Points de vente de la région

Les produits de Flor’Aline sont dans plusieurs points de vente de la région. C’est le circuit commercial que privilégie l’agricultrice qui n’aurait pas le temps d’assurer sa présence sur les marchés hebdomadaires. À la place, elle fournit le point de vente collectif d’Autun « La Station fermière ». Ses produits sont aussi présents chez un torréfacteur autunois « La Pause Café » ainsi qu’au « Grenier Paysan » à Moulins-Engilbert (58). Aline participe à quelques marchés de pays (Cussy-en-Morvan, Châtenoy-le-Royal) et elle présente sa production dans des salons bien-être. Avec d’autres producteurs, elle organise une porte ouverte sur sa ferme au mois de septembre. « Je reçois les clients sur mon exploitation au gré de mes cueillettes », confie Aline qui peut aussi livrer ses produits par Colissimo.